Nous étions alors dans une soirée fraiche sur les sentier du désert du Fahadji. Le froid était tombé rapidement, le bruit du feu de camp était la seule présence "vivante" en plus des deux silhouettes recouverte d'habits amples qui était autour.
La première silhouette, massive et carrée, se tenait juste à côté du feu, lourdement adossée contre une caisse qui avait été descendue de la caravane pour ce but. Toussant de manière régulière, presque en accompagnement des bruits de crépitement du feu.
La seconde silhouette était affairée non loin à préparer un repas sommaire. Utilisant pour se faire une bouilloire en métal dur remplie d'une eau fumante qui venait tout juste d'être réchauffée dans l'âtre de braise.
Cercy quitta quelques secondes le plan de travail improvisé afin d'apporter une tasse d'un thé bien trop fumant à la seconde personne.
"Tenez grand père. Cela risque de vous faire du bien"Le grand père de Cercy leva les yeux vers sa petite fille. Au lueur du feu qui brûlait le contraste entre les deux était proprement frappant.
Le grand gaillard qu'il était s'était avait peu à peu disparut avec l'âge. Ses épaules s'étaient affaissées de manière irrégulières. Ses cheveux gris semblaient plus secs encore que les souches des rares arbres qui tentait vainement de pousser loin des oasis. Et il était devenu maintenant utopique d'espérer pouvoir compter le nombre de rides sur le visage du vieillard. Le style de visage qui a vécu trop d'expressions et d'émotions différentes, et sur lequel ces dernières on finies par y inscrire une infinité de traces de leur passage. Malgré cela sa carrure et sa peau foncé pour celle d'un humain marquait son appartenance au désert, sans la moindre trace de doute, ni la simple seconde d'hésitation.
En face de lui sa petite fille avait toujours cette allure étrange. Mais sa peau d'une pâleur naturelle incroyable pour une personne du désert, et sa taille supérieure à celle de son grand père ferait qu'on aurait plus tendance à l'imaginer venir des forêts elfiques. Ou de n'importe quel autre endroit où la nature se montre moins hostile et plus accueillante que le désert de Fahadji.
Il tendis sa main pour atteindre la tasse assez massive que lui tendait Cercy. Eut un petit sourire tout en toussant.
"J'aurai pu sans mal le faire par moi même une fois le feu stabilisé tu sais""Et gâcher les rares plantes qu'il reste en les faisant fondre dans une eau dramatiquement trop chaude ?"La jeune femme avait eut un petit sourire en prononçant ces paroles. Elle prit sa propre tasse avant de s'assoir elle aussi autour du feu.
L'ambiance resta ainsi. Le crépitement des flammes et la toux du vieil homme étant la seule coupure dans le silence du soir. Ni Cercy ni son grand père n'osait réellement parler. Le jour même les deux avaient eut une conversation, ou plutôt un échec de conversation. Depuis quelques temps maintenant la santé du vieil homme déclinait a vu d'oeil. Il lui avait fallut un peu de temps pour l'admettre, et quand il avait fait face à l'évidence il s'était rendu compte que sa petite fille elle ne voulait clairement pas prendre la situation en considération.
Cercy avait fait semblant de ne pas entendre lorsqu'il avait commencé à parler de savoir ce qu'elle devrait faire si jamais ... enfin lorsque son vieux corps allait le laisser en plan une bonne fois pour toute. Elle avait dévié la conversation, s'inquiétant d'un seul coup beaucoup plus pour le chemin qu'ils devront emprunter le lendemain pour rejoindre au plus vite le prochain oasis, ou à savoir s'ils arriveront à tirer un bon prix de leur cargaison.
Le vieillard connaissait sa petite fille, elle évitait rarement les sujets de conversations sans raison. Et elle était totalement capable, enfin, du moins il le supposait, de faire face à l'éventualité de sa disparition. De plus il y avait plein de réponses facile à cette question, elle pouvait très bien rejoindre son mentor dans son oasis, ce vieux serpent avait encore des os solides lui, et plein de chose à raconter sans doute maintenant. Elle pouvait aussi demander à rejoindre l’Académie de Magie de Lokara. Ses dons et ses recherches lui ouvrirait sans aucun mal la porte des lieux, et la connaissant il ne faudrait pas bien longtemps pour trouver des gens agréables pour s'entourer. Alors pourquoi faire autant de mystères ?
A force de demander encore et encore Cercy avait finit par exprimer le fait qu'elle chercherait sans doute à rejoindre la branche de Quartz de Hiloroth.
Cette information était quelque peu sortie de nulle part et le vieillard avait alors fait montre d'une autorité faiblissante, lui expliquant avec lourdeur en quoi c'était une bien mauvaise idée. Outre les dangers d'un tel voyage il lui était inconcevable de laisser sa petite fille partir pour la cité humaine. Non qu'il ai un quelconque problème avait l'humanité en règle générale. Mais il savait très bien que l'on y acceptait peu les voyageurs et voyageuses solitaires, et la branche de Quartz n'était pas connue pour être le lieu le plus ouvert et tolérant de tout l'Ordre. Les mages de Hiloroth avaient été incapable de défendre qui que ce soit, et ils avaient maintenant trop de chose à prouver. Le vieillard savait a quel point un humain sans pouvoir pouvait se montrer stupide quand son égo ou son orgueil était en jeu, il n'avait pas particulièrement confiance dans les mages pour avoir dépassé ceci.
Cercy s'était contentée de ne pas répondre. Elle connaissait son grand père. Il était comme tout le monde, effrayé et effrayant quand il avait peur. Et comme tout le monde il se méfiait et avait peur de ce qu'il ne connaissait pas. Elle ne lui en voulait pas, elle comprenait, mais elle savait aussi que c'était aussi proprement inutile de tenter d'avoir une conversation posée avec quelqu'un qui alors utilisait plus les mots pour chercher à étouffer ses crainte que pour réellement communiquer.
La situation alors ce soir était étrange. Ce genre d'ambiance qui n'est pas particulièrement tendue, ni sereine en définitive. Une situation de paix légèrement amère.
Le vieillard quitta sa position pour aller se resservir du thé. Remplissant aussi la tasse de sa petite fille avant de lui rendre.
Il se reposa avec lourdeur à côté du feu.
Le feu crépitait toujours calmement.
"Pour rejoindre Hiloroth il te faudra faire un sacré voyage tu sais. A vrai dire il faudrait mieux que tu descende jusque Benfeluir en premier lieu. J'ai quelqu'un là bas qui me doit toujours un fier service, cette personne connait les routes qui vont jusque aussi loin dans le Nord, et c'est quelqu'un d'assez fiable pour savoir qu'une promesse possède toujours du poids même quand une des deux personnes n'est plus là"Cercy regardait en direction de son grand père. Elle avait abordé un visage sombre et vide d'émotion alors qu'il avait commencé à parler. Persuadée qu'il revenait à la charge. Mais son masque s'était peu à peu réduit au fur et a mesure que le vieil homme avait parlé, il se lisait désormais sans la moindre hésitation une grande surprise qu'elle ne pouvait clairement pas cacher.
Son grand père eu un petit rire en voyant cela.
"Quoi ? Je trouve toujours cette idée stupide tu sais"Il laissa son regard vagabonder dans les flammes.
"Mais cela n'a pas la moindre importance. Et je m'excuse. Ce n'est pas ma vie, c'est la tienne. Et je n'ai pas le droit de t'imposer quoique ce soit"Cercy pu noter que son grand père cherchait à cacher ses yeux. Et elle se doutait qu'il ne voulait pas qu'elle le voit dans un état de faiblesse. Cependant cacher ses yeux ne changeait rien au fait que la jeune mage s'était rendu compte qu'il y avait quelque chose dans le ton de sa voix. Quelque chose qui trahissait le fait que cela n'était pas la première fois qu'il prononçait ces mots. Il n'en fallait pas beaucoup plus à Cercy pour comprendre.
La jeune femme s'approcha du vieil homme pour le serrer dans ses bras.
"Hé. Pas de sentimentalisme s'il te plait tu va me faire pleurer""Tais toi"Cercy pu sentir la main de son grand père lui tapoter le dos, elle avait le visage plongé dans le coeur de son épaule mais pouvait clairement imaginer le regard du vieillard plongé dans la contemplation des flammes. Il faisait ça beaucoup dernièrement, même si cela lui brûlait les yeux. Elle savait qu'il avait abandonné. Mais elle préférait ignorer la chose pour le moment.
"Tu sais à quel point je m’inquiète pour toi. Ce monde est pourri. La majorité des humains on tué ce qu'il y avait de compassion dans leur coeur dans un vain espoir de vivre sans souffrir. Fait attention à toi d'accord ?"Cercy ne pu qu’acquiescer de la tête, son visage toujours collé sur son grand père dont l'épaule se mouillait tandis que la jeune femme tentait vainement de faire disparaitre ses larmes dessus.
"Ma stupide petite fille"------------------------------------------------------------------
La caravane marchande avait roulé depuis longtemps depuis Benfeluir. Le trajet n'aura pas été particulièrement simple, mais tout le monde pouvait s'estimer plutôt heureux et heureuse.
Cercy avait gardé ses habit du désert malgré le changement de climat qui se faisait de plus en plus sentir. Elle avait tout juste ajouté quelques éléments chaud. Personne ne lui parlait réellement au sein de la caravane, et malgré son naturel plutôt social cela lui convenait particulièrement bien. Cercy est de toute manière extrêmement solitaire depuis le début du voyage. Seule la personne dont son grand père lui avait alors parlé tentait parfois de la faire parler. Cercy ne refuse jamais particulièrement une conversation mais il n'est pas difficile de sentir que Cercy pose naturellement une distance entre elle et tout le monde.
Elle contemplait encore un peu les quelques bijoux sans valeur que son grand père lui avait conseillé de conserver. Ça et les deux papiers de son mentor était réellement les choses qu'elle surveillait avec le plus d'attention.
La caravane avançait au rythme du son régulière des roues, continuant lentement sa route qui l’amenait au sud-ouest de la forêt
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