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 Prologue : Lob Nor.

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Lob Nor
Lob Nor
Aventurier

Feuille de personnage
Passions & Aspects:
Vitalité: 9
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MessageSujet: Prologue : Lob Nor.   Prologue : Lob Nor. Icon_minitimeVen 22 Jan - 13:58

« C'est bien malheureux, n'est-ce pas ? »


Lob Nor déroulait son pas avec l’allure d’un jeune homme, tantôt souriant comme un de ces spécimens amoureux, tantôt reprenant un visage plus grave pour mieux relire la longue lettre, très formelle mais sincère et généreuse, qu’il tenait dans ses mains et qui lui donnerait accès aux allées massives du Fer à Cheval. Ces bonnes nouvelles le consolaient de la menace oppressante et invisible qui, croyait-il, pesait sur sa vie. A chaque fois qu’il finissait la lettre, il relevait la tête, se prenait à sourire de nouveau puis examinait le plafond parcouru de sphères lumineuses palpitantes, et par là visible malgré sa hauteur. Ce n’était pas le ciel étoilé du désert, vu de la terrasse blanche de sa demeure lokarienne, mais la marque de la civilisation y ajoutait une dimension particulière, la trace des hommes mêlée à celle des anciens nains. Pensée un peu pompeuse. Pourquoi les nains avaient-ils abandonné cette cité, eux-mêmes ne semblaient pas le savoir. Toujours est-il que la tête en l'air, il n’avait guère besoin de regarder devant lui : contrairement à la Fourmilière et même à la Ruche, la grande allée qui descendait de l’Île jusqu’au Fer à Cheval présentait un sol parfaitement lisse et les risques de trébucher ou d’être bousculé étaient inexistants. Il avait calé sa démarche sur celle d’un groupe de gardes devant lui, et se sentait libre de laisser ses soucis bourdonner ailleurs.

Il s’était mis sur son trente-et-un comme au temps de ses gloires d’antan. A l’auberge du Troll Barbu, sans trop regarder à ses dernières économies, il avait demandé le nécessaire pour se laver et se raser, et fidèles à l’hospitalité proverbiale du petit peuple, les deux derniers Hobbits lui avaient fait porter des instruments immaculés. Fier de cet humble talent, l’homme s’était rasé de très près sans une seule coupure. Il n’avait pas l’habileté de Norman l’artisan, qui coiffait sa barbe d’une main, la nouait de l’autre, mais il était heureux de savoir se faire une toilette impeccable sans dépendre de personne.

Sentant le savon, donc, vêtu d’une robe gris souris et ses longs cheveux noirs à peine rebelles attachés à l’arrière de sa tête par un anneau en bois, Lob Nor avançait, pensant à ces races perdues. On lui avait dit que les chanceux croisaient parfois des minotaures à Hiloroth, des mercenaires sous la bannière d’Arguesian. Mais les autres avaient bel et bien péri, à ce qu’il fallait croire. Lob Nor connaissait les harpies et les centaures par images simplistes seulement. Peu lui chalait la disparition de ces vautours ailés, mais les centaures l’emportaient jusque sur les elfes dans l’art des préparations médicinales et ils n’écrivaient pas de livres : savoir perdu à jamais avec leur existence. Pour le reste, il avait hâte de rencontrer son premier Ancien. Grâce à sa démarche preste et son maintien royal, il ne fut pas importuné par les gardes qui lui jetaient de temps à autre un coup d’œil méfiant. A cause de ses traits typés, rugueux et de ses pommettes hautes, il avait déjà entendu certains le comparer à un nain imberbe de deux mètres de haut ou presque. D’autres, voyant son teint, le prenaient d’abord pour un Juste avant de s’interroger sur ses yeux noirs en amande. Les humains les moins ouverts se défiaient souvent plus de lui que des races étrangères. Mais il présentait bien et avait appris à se concilier les moins hostiles.

Soupirant sur le sort peu envieux de Merks et Tommela, il déboucha à l’entrée du Fer à Cheval. Des gardes vinrent accoster ce nouveau visage, prêts à dissuader des envies trop touristiques, mais il lui suffit de montrer les derniers mots de sa lettre et le cachet pour qu’on le laissât circuler. Quelques savants faisaient remonter les débuts des mathématiques et de la géométrie à l’observation des étoiles et du cycle des planètes, mais si Lob Nor avait voulu initier un profane aux mystères des parallèles, des perpendiculaires, des angles droits, des lignes droites ou des courbes parfaites, il l’aurait plutôt emmené faire un tour dans le Fer à Cheval. Comme à Bershmerk, l’architecture troglodyte des nains leur permettait souvent de défier la gravité, constructions plus imposantes que la cathédrale de Lo et Yla à Falryn (et ses vitraux changeant de couleur selon qu'il fasse soleil ou lune !), et comme faites d’un seul bloc. Il fallait bien ça pour oublier un peu qu'on vivait dans une grotte. L’absence des anciennes décorations d’argent, d’or, et d’autres fioritures, achevait d’uniformiser le tableau et d’augmenter davantage encore son aspect austère et majestueux. Souvent, devant chaque maison, un nain de pierre semblait rappeler les fondateurs d’anciennes lignées de renom, et Lob Nor utilisait son pauvre dictionnaire mental pour déchiffrer sans grand succès le symbole de toutes ces barbes, tressées, divisées, chargées d’anneaux. Arrivé devant une maison assez semblable aux autres, il reconnut la taupe géante finement extraite de la pierre et décrite dans la lettre, elle entourait une rune ancienne censée assurer protection et prospérité. De sous sa robe, Lob Nor sortit l’amulette de Norman le nain et y reconnut le même symbole, comme un autre laissez-passer des propriétaires d’autrefois.

L’humain, content, montra son amulette au portier, mais celui-ci ne se dérida qu’en voyant la lettre du juge Ovius. Il l’invita alors à entrer avec déférence, et l’humain de Lokara se fit un point d’honneur de lui rendre toutes ses grâces.

Un autre domestique en livrée verte le conduisit à travers une galerie de portraits familiaux, puis tout de suite à droite en haut d’un escalier en bois verni. Chaque pièce était éclairée d’une bonne lampe à huile. L’homme ouvrit la première porte, et Lob Nor dut se baisser. Ces maisons faisaient dans le gigantisme, mais les portes des pièces secondaires restaient conçues pour des nains. Enfin, il vit dans le petit cabinet fortement éclairé, derrière le bureau en bois laqué style Murthos, le vieux juge Ovius, debout à côté du bureau, s’appuyant lourdement sur celui-ci, comme s’il devait tomber en le lâchant. Lob Nor vint lui serrer la main adressant toutes les politesses d’usage qu’un ancien élève peut adresser à son mentor respecté, après 20 ans sans s’être vus, quand les souvenirs chaleureux subsistent et autorisent une nouvelle familiarité...

Le juge lui serra la main, puis se laissa tomber dans son fauteuil avec soulagement.

« Comment allez-vous ?

-J’ai toute ma tête, croyez-moi, à mon âge, on ne peut pas espérer bien mieux. Mon corps me fuit un peu plus chaque jour, mais vous n’êtes pas venus écouter la plainte d’un vieillard. Et vous, mon garçon, comment allez-vous ? J’imagine que votre père…

-N’est plus en vie, non. Il est tombé malade au moment du grand Exode, nous avions rendez-vous à la première oasis, mais seul un de ses messagers m'y attendait. Père voulait que je poursuive sans lui, mais je n'ai pas voulu le laisser seul, c’est pourquoi nous n’avons pas accompagné les autres hommes.

-Oui, oui, il a rendu de fiers services à la Couronne.

-Elle le lui a rendu.

-Bien sûr… Quand j’ai reçu votre lettre, je me suis dit que vous ne deviez pas connaître grand-monde ici. C’est dommage que vous n’ayez pas pu faire votre entrée dans le monde à l’époque, je me demande encore si votre aisance oratoire aurait fait de vous un sophiste sans vergogne ou un grand serviteur de la cité. Enfin ! Nous reparlerons de tout ça, j’ai lu votre lettre, et je comprends qu’après avoir passé ces dernières années cloîtré dans la grande bibliothèque de Lokara, vous croyiez bon de travailler dans un lieu similaire, mais les places... intéressantes sont déjà prises, et les postes trop précaires pour de nouveaux arrivants, malgré votre culture inestimable, et je ne pourrais moi-même rien faire pour vous. J’ai tout de même quelque idée qui pourrait vous convenir, plus au contact du terrain. Tenez-vous prêt, car il vous faudra beaucoup de zèle pour compenser votre manque d’expérience, mais la situation actuelle offre quelques occasions nouvelles de prouver sa valeur pour des hommes de l’extérieur, si je puis dire, qu’elle n’offrait pas un mois plus tôt. La cité a bien besoin de gens qui s’en occupent. Allons, je vous donnerai les détails qu’il faut, mais d’abord, dînons. J’ai pensé qu’il fallait bien que quelqu’un vous invite à un vrai repas pour fêter votre arrivée dans l’Île Rocheuse. Vous verrez, mon cuisinier fait d’excellentes salades de champignons des grottes, mais je lui ai interdit d’en utiliser un seul, vous devez avoir envie de changer un peu de régime, n’est-ce pas ! Ma femme est de sortie, et après les folies obligatoires du Nouvel An, je suis bien content d’avoir quelques jours de calme pour dîner en petite compagnie. Attention, je me couche très tôt, mais je serai très heureux d’avoir quelques nouvelles de la capitale des Smillys et des Justes. Vous pourrez me raconter le reste un autre jour, j’ai fait apprêter une chambre pour vous le temps que vous preniez vos prochaines fonctions et que vous trouviez un lieu où loger. »

Lob Nor rappela pour la forme au vieil homme qui le savait bien que les Justes et les Smillys ne considéraient guère Lokara comme une capitale, du moins au sens que les humains prêtaient à ce mot, et aida le vieil homme à se lever. Et surtout, il le remercia du fond du cœur. Le vieil homme n’était jamais frivole, et chacun de ses compliments ou de ses avertissements était pesé et sincère. Pourtant, malgré son sérieux et son intransigeance infaillibles, il avait toujours été pour Lob Nor un modèle de courtoisie raffinée et d’humanité imperturbable.

Les deux hommes s’installèrent au coin d’une longue table vide, tandis que quelques valets grisonnants, Olmar et Selpan, commençaient d’apporter les premiers plats. Sur l’invitation de Gregor Ovius, Lob Nor se mit à décrire ses activités des vingt dernières années. Son séjour, somme toute assez bref et discret à Bershmerk, les anciennes amitiés nobles qui s’étaient fermées à lui alors que l’opulence de marchands comme son père se voyait décriée, et pourtant que n’avait-il pas fait pour leur rendre service ! Les difficultés de faire valoir un savoir trop théorique pour l’époque nouvelle, la maladie et la mort de son père, il en avait déjà parlé, qui l’avaient retenu de suivre l’Exode jusqu’au bout, puis les longues années d’attente studieuse à Lokara. Il avait organisé la copie de nombreux livres, pensant déjà aux bienfaits qu’il pourrait octroyer à la nouvelle Hiloroth. D’abord, les grands anciens des temps pré-claniques, la ballade épique d’Hémore, les contes philosophiques de maître Chanceux, d’autres livres nés aussi des temps de guerres et de crises, telle l'extraordinaire Guerre des Hommes, ou encore le compte-rendu criant de vérité et de mauvaise foi de la Dispute sur les Taxes et le Monopole de l'an 89, plusieurs traités techniques sur tout ce qui lui avait paru d'utilité publique, et tout ce qu’il avait pu glaner de mentions de dragons, informations souvent trop sibyllines pour être utiles mais qui pouvaient avoir un sens caché. Hiloroth et la race des Anciens, enfin, s’ils étaient bien les mêmes qu’aujourd’hui, avait reçu sur la fin toute son attention. Mais tous ces livres, et ses compagnons de voyage, étaient restés aux mains des elfes noirs ou des bêtes sauvages, et il avait survécu seul avec son propre recueil de notes, recueilli à la frontière de la mort par des cavaliers d’Izam, le propriétaire du Bazar de la Fourmilière. Gregor et lui déplorèrent cette perte, tout en se félicitant de sa survie, puis le vieil homme lui expliqua un peu les rouages de la cité, lui évoquant sa surcharge de travail, les non-droits de la Fourmilière et les soucis de la Ruche. Lob Nor pensa à ses propres aventures, ou encore aux enfants qu’il avait vu pendus près du Cercle de Justice. Pour avoir volé de la viande lui avait-on dit. Mais encore trop incertain de sa situation, il n’avait pas eu le courage de s’indigner à haute voix ou de s’émouvoir dans le vide.

Le vieil homme, autrefois, aimait brosser des portraits mordants de la vie sociale et judiciaire de Falryn et de ses principaux acteurs. Aujourd’hui, le juge n’avait sans doute pas souvent l’occasion de s’essayer à cet exercice, entouré de personnalités qu’il ne devait pas froisser : il profitait donc de la présence de son ancien élève pour dépoussiérer un peu sa morgue d’antan. Mais bientôt, le temps passa et le juge annonça qu’il partait se coucher. Il laissa Lob Nor entre les mains d’un valet, et celui-ci se laissa guider dans une chambre petite au dernier étage, mais munie exprès à son attention de tout le nécessaire pour écrire. Toutes ses affaires tenaient dans un sac. Il savait que sous sa bonhommie apparente et sincère, Grégor donnait leur vrai sens à ses mots quand il lui disait qu’il aurait à faire preuve d’un zèle immense pour se montrer à la hauteur, et l’homme de Lokara se demandait ce que son mentor avait en vue pour lui. Il lui faudrait sans doute du temps et bien des succès pour être régalé une seconde fois d’un tel repas. Il pensa à ses frasques d’antan, à la menace incertaine qui pesait sur lui, aux nuits du désert, à son avenir à Hiloroth. Puis il s'assit à la table, alluma la bougie qui sentait le miel, et relut les dernières pages de son carnet. Un mois de vie dans la Fourmilière. Il s'était voulu discret, et n'était guère allé se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il n'avait pu s'empêcher de se promener dans les rues les plus propres et de faire quelques rencontres pittoresques...
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Vitalité: 9
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MessageSujet: Re: Prologue : Lob Nor.   Prologue : Lob Nor. Icon_minitimeVen 22 Jan - 14:15

Lob Nor

Prologue : Lob Nor. 61983
(Sorel Guillaume, j'enfreins gentiment le © : merci Ash' pour le nom ^^)


Age : 43 ans
Race : Humain (né à Lokara)


Personnalité : Se conduire de façon à plaire aux autres, se lier avec tout le monde, étudier pour en tirer gloire et enseigner pour en tirer profit, cacher sa débauche sous les oripeaux de la bonté et de la justice, se pavaner en somptueux équipage, voilà un programme alléchant. Et pourtant, né sous l’étoile du Centaure, s’il se piquait de vouloir contenir ses penchants, il deviendrait certainement plus hautain que sage, tandis que son goût du plaisir partagé l’éloigne des plus sordides bassesses. Un brin opportuniste et frimeur, certes, il aime avec passion le confort et la vie, et pourtant ses élans romanesques l’entraîneront souvent sans réflexion à une action d’éclat et sa curiosité à l’écoute d’un inconnu, même et surtout sans espoir de rétribution. Pour la beauté du geste et les louanges des autres. Courtoisie raffinée, donc, et enthousiasme facile, la prudence ne l’a pas moins amené lui aussi à se faire plus discret, tant qu’il n’avait pas encore obtenu son laissez-passer pour la Ruche. Adieu provisoire au maintien royal, aux parfums délicats, aux pas mesurés conformément à l'étiquette, il se tient moins droit et adoucit sa verve comme un moineau surpris par le bruit du vent et qui tait son chant un instant avant de le reprendre plus timidement. Oui, la métaphore est de lui, oui, elle demande un peu de travail, mais il n'a guère de spécimen à observer par ici.


Apparence : Que dire, la Fourmilière l'a surpris à se laisser pousser la barbe plus d'un jour. Ses cheveux, sales, ont fâcheuse tendance à devenir hirsutes. Difficile encore de se laver avec le savon qu'on vend au coin de rue, et qui l'effraie plus qu'il ne semble nettoyer. Et puis, à part les elfes, les autres races semblent penser qu'une couche de crasse, c'est comme le vernis du bois, ça protège, et ça vous donne un parfum viril. Une des raisons qui font qu'il ne compte pas trop faire traîner son séjour parmi les fourmis désordonnées. Pour le reste, son premier mois dans la Fourmilière le verra reprendre du poil de la bête, il est arrivé amaigri et faible, il devrait assez vite recouvrer bonne santé. Quant à sa description proprement dite, il est grand, très, large de torse et d'épaules. Son père avait des traits marqués, les pommettes hautes et saillantes. Lob Nor mêle à ce visage sculpté les yeux noirs, en amande, de sa mère, et son teint de bronze. Ses cheveux aussi sont de jais, et l'ensemble est certes exotique, non sans charme. D'ailleurs, voyez son regard cajoleur, et ces mains, merveilleusement douces, voilà quelqu'un qui n'a pas été astreint au travail qui raidit les corps.


Buts/Motivations : -en suspens : intégrer la Ruche, reprendre ses aises d'autrefois, argent et honneur, amour, gloire et beauté.
-de façon plus générale, s'imprégner des réalités (et des plaisirs) d'Hiloroth pour polir des métaphores parfois trop précieuses. Il tient un journal au jour le jour, et y prend des notes en vue d'une immense somme mêlant chroniques historiques, tableaux divers, sentences et vers bien frappés, pour faire le lien, le passage, entre le lointain passé d'Arathiel et son avenir, et témoigner du bouleversement des temps, voire, l'orienter.



Connaissances
A venir. Au fur et à mesure. WIP.
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