Chapitre 0 - Domi/Scylla - Rencontre de l'Arcane

La femme serpent n'avait pas attendu l'Ogre, manifestant peu d'intérêt pour ses activités. Elle avait tranquillement payé Lumiya, avec le sourire inversé de ceux qui râlent devant une mauvaise bonne affaire mais qui sont intérieurement très content d'eux. Puis avait tracé route directe vers la salle à manger, où elle eut tôt fait de prendre de quoi se sustenter. Elle passa les dix minutes suivantes à admirer les différentes œuvres trônant dans la pièce, tout en se restaurant.

Lorsque l'Ogre vint de son pas lent ouvrir la porte de la salle à manger, et lui adressa la parole, elle était adossée contre le mur, ses yeux brillants faiblement d'une lueur arcanique, craquant une pomme entre ses fines mâchoires. A ses paroles, elle le regarda comme on regarde un graffiti sur un mur. Sa fine queue serpentine battait l'air avec toute la violence de l'exaspération.

"Si j'ai besoin de toi, je te le dirais mon gros. Mais j'apprécierais si tu abandonnais rapidement cette attitude paternaliste à mon égard. Je ne suis pas une petite chose que tu dois protéger."

Elle avait du défi dans les yeux, l'ogre avait fort intérêt à ne pas tenter de se défendre à ce sujet. Scylla était petite, certes, mais cela n'était pas une raison pour tenter de l'infantiliser. Surtout, elle avait déjà eu beaucoup trop de gens, récemment, qui s'étaient permis de prendre des décisions la concernant à sa place. Il n'était pas question qu'elle laisse une personne de plus s'amuser avec elle à ce sujet.

Son attention se reporta sur Lumiya. Elle connaissait déjà les objectifs de la mission, et commençait honnêtement à trouver le temps long. Mais comme elle faisait partie d'un groupe désormais, elle pris son mal en patience, ainsi qu'une bouchée de plus. Les ennuis arriveront bien assez vite, de toute manière.

Eh bien, non, elle n'aimait pas ! Pire elle fit preuve de ce mépris qu'elle affichait depuis qu'elle était arrivée, me traitant avec condescendance et en m'insultant : je ne suis pas gros je suis un ogre athlétique ! Elle me regarda avec défi, pensant sans doute me faire baisser les yeux, mais au contraire, m'ayant renvoyée mon amitié au visage, elle avait détruit ma bonne humeur. Je fermais les yeux et prit ma forme lupine ogroïde ! Et fit un effort de diction. :

" Je ne faisais que me montrer amical et tenter d'être un bon compagnon ! Depuis votre arrivée Mage Scylla ! J'ai vu une personne irrespectueuse et mal élevée se comportant comme en terrain conquit ! Voleuse et tricheuse a ces moments perdus ! Mais je me suis abstenu de juger, n'étant pas chez moi ! Je suis un ogre de bonne compagnie mais assez susceptible je l'avoue ! Vous m'envoyez mon amitié au visage en y mêlant l'insulte et la condescendance, attitude que je ne vous ai pas encore reprochée jusqu'ici ! Vous ne voulez pas de mon aide soit ! Je vous la refuse ! Quels que soit les ennuis ou les dangers encourus, je ne vous apporterais pas la moindre aide !

Désormais nous sommes collègues de travail, contraint par le sort a faire équipe, mais dégagés des liens amicaux. Je vous appellerais quand j'y serait contraint, "Mage Scylla" et j'attends de vous que plutôt que mon gros et le tutoiement, vous m'appeliez Shaman Khalam ! Je commences à avoir plus que mon compte de l'irrespect des créatures qui vivent en Hiloroth, je prends de quoi me satisfaire l'estomac, je retourne a ma préparation, et une fois finie, je m'en irais de mon côté dans votre taverne, je vous y attendrais. Mais puisque ma personne semble déplaire alors je vous laisse entre vous ! Lumiya ? Je vous fait confiance pour ma commande de matériel, voici tout mon argent, vous me ferez crédit ou pas ce sera au mieux ! Je prendrait tout ça au moment de partir avec le chariot."

Je me servit de tout un tas de victuailles et sortit comme un bison en colère. Une fois revenu dans la pièce je repris ma forme normale et retournait vers l'atelier de ma préparation. Je sais j'ai pété les plombs, mais merde ! Chez moi on me traite avec crainte et respect, j'envoies chier des Rogs pour un pet de travers et je devrais laisser ces humains, ces elfes, ces nains et autres espèces prétendument civilisées me traiter qui de monstre, qui de stupide, qui de valetaille juste bonne à taper sur tout ce qui bouge ! Eh bien l'ogre stupide et gros, il en à marre et plein ses bottes de fourrures ! Si la smilly venait s'excuser et faire amende honorable je reviendrais sûrement sur mes paroles, mais heureusement, cette personne est de celles qui se croient supérieures à tout le monde et qui croient que tout leur est dû, alors, je suis tranquille !

Dites ce que vous voulez, mais voir un ogre de trois mètre se transformer en loup de trois mètres pour vous hurler dessus, c'est brutal. Surtout, lorsque l'on est tout fin et faisant à peine la moitié de sa taille. Mais par la force de sa volonté, Scylla tint bon, son regard ne quittant pas les pupilles dilatées de l'ogre loup. Sa mâchoire se crispa et ses yeux s'allumèrent. Sa queue vint battre et s'enrouler autour de sa jambe. Mais elle tint bon.

Il lui demandait pour qui elle se prenait ? Elle était une femme libre d'Hiloroth, qui avait sa propre définition du respect : Un respect qui s'obtient mais qui n'est pas dû. Scylla n'avait cure que Domi n'ait décidé de ne plus la respecter. Son problème. Qu'il ait décidé de ne pas l'aider n'allait par contre pas jouer en la faveur de l'Ogre. Mais cela, elle lui laissait le soin de le découvrir par lui même. Si il avait vécu un tant soi peu dans la cité, il avait du croiser bien plus franc et revêche. Peut être n'était il juste pas adapté au fonctionnement d'une cité où la parole peut être aussi tranchante que l'acier. Dommage que malgré toute sa couenne, il soit aussi fragile qu'un colibri des mines.

Elle le regarda partir, amenant dans ses bras l'équivalent d'une semaine de nourriture. Malgré sa taille et son poil hirsute, elle se rendit compte de quelque chose. Il n'était qu'un enfant. Ou en tout cas il en avait l'attitude, la colère, les caprices. Peut être avais elle été trop dure ?

Pah ! Bien sur que non... On ne peut pas être verbalement trop dur avec quelqu'un. Si quelqu'un a une petite sensibilité, c'est son problème et a lui de le gérer. Ceci étant, elle pensait aux futurs ennuis, tout à l'heure. En voila un nouveau, de presque un quintal qui tentait de se faufiler par la porte. Elle soupira :

"Eh bien ! Ça promets."

Un petit sourire naquit à l'aube de ses babines. Au moins les jours suivants seront intéressants. Son regard vint croiser celui de Lumiya, sans émotion.

"Je pense qu'il est inutile de poireauter plus longtemps. Pourquoi ne pas continuer notre discussion en route, entre collègues ? De toute façon, ce n'est pas comme si sire Khalam avait besoin de tout savoir..."

La jeune voleuse se contenta de faire son plus beau sourire innocent à la magicienne.

"Oh pardonne moi, Lumi. J'étais persuadée que tu étais pressée. Je comprends tout à fait, je crois même que je vais faire de même."

Dit elle en prenant place le long de la longue table de victuailles. Et se servant d'un complexe mélange de graines, viandes et légumes. A peine une assiette, qu'elle agrémenta d'un verre de vin fruité et rafraichissant. Ses mains vinrent rapidement à la rencontre des couverts en argent, qu'elle commença à user, dans les mêmes postures élégantes que la magicienne en face d'elle. Mais là où celle ci affichait une solennité à toute épreuve, Scylla ne put s’empêcher de continuer à discuter, avec forces gestes mélodramatiques. :

"Lumi, il faut que je te raconte, tu ne vas pas me croire. Mais il y a des Drows sous la fourmilière ! Alors je ne sais pas de quelles familles ils viennent et pourquoi ils se comportent comme des comploteurs, mais ils ont cette étrange base dans les tunnels sous le quartier, du genre société secrète, tu vois. Et donc après mon évasion de prison. Oui, j'ai été en prison, enfin... J'étais totalement innocente, c'est juste des furets qui me sont tombés dessus parce qu'un abruti au service de mon père s'était mis dans l'idée de me donner une leçon. Bref, après mon évasion, j'ai piqué au nez et à la barbe de ces crétins de gardes un joli pactole. Que je me suis fait volé à peine sortie dans les rues ! Mais bon, ce n'était pas vraiment un vol, juste un emprunt. Et donc, je me retrouve dans les souterrains avec un draconide qui se disait marchand d'art... Sauf qu'il était nul ! Il a fallu que je m'occupe des négociations, avec brio, tu me connais. Après faut pas faire une généralité sur les Draconides, y'en a des idiots, mais y'en a des biens. J'en ai croisé un là, un véritable adonis saurien. Des muscles saillants, une voix ténébreuse et ronflante comme une corne de guerre. Pas forcément le plus intelligent mais après quelques minutes dans ses bras, toi aussi tu aurais voulu y gouter. Et ensuite..."

Et ainsi passa l'heure suivante, dans la joie et la bonne humeur, si on ne compte pas les soupirs et gémissements de plus en plus prononcés de la magicienne ainsi que les gloussements peu discrets du portrait du propriétaire des lieux.

Me retrouvant seul dans la salle de réunion, on va dire, ou non ! La salle du trône de Rajivari ! Oui c'est ça ! Donc seul...non, accompagné d'Ursus mon nouveau copain ! Je revint vers mon petit projet personnel et y jetais un oeil, bon ! La graisse et les plantes commençaient à bien se mélanger. Je sourit et allait me faire une place sur une autre table et commence à manger ! La nourriture est excellente et le vin assez fin; 

Tout en mangeant je me dirigeais vers le tas d"équipements mis à disposition pour nous, je pris les affaires dont j'avais besoin, à savoir la tente, le briquet à amadou, la corde et le grappin ! Je déposait le tout au pied du trône de Rajivari pour que Lumyia les prennent ou juste ce que mes 13 pièces pouvaient me permettre d'avoir. Puis je retournais dans la salle des vêtements et allait ramasser la belle peau d'ours blanc qui trainait au sol devant la cheminée. j'espères que celle-là on me la donnerait, vu que le maître-mage semblait n'en rien faire. 

De retour dans la salle du trône, je roulais la peau et la déposais avec le reste des affaires que j'avais mises à part devant le trône magique. Bon ! Si on ne me donnait ni couverture ni tente, j'allais geler des fesses la nuit ! J'aurais bien prit un grand sac à dos mais je craignais d'exagérer, alors je ferais avec mon sac à taille humaine ! Je renouvelais mon sac d'herboriste avec les plantes de l'atelier et terminais ma préparation en m'y consacrant un autre quart d'heures.

Quand le temps fut passé, je couvrit le bol avec un tissu et le tint hermétique par un lien de cuir, puis le ramassais dans mon sac d'herboriste. Quand on n'en aura besoin j'aurais de quoi protéger celui qui recevra ce baume pendant une heure et si la température est plus froide j'y mettrais un peu de magie. Je m'approchais de la porte de la salle à manger et écoutais : la petite voleuse discutait de je ne sais quelle histoire de fuite, de vol et de prison ! Bravo ! Comment une magicienne peut s'abaisser à voler ? Je croyais que tous les smilly étaient comme Syssim, apparemment je me trompais.

D'ailleurs maintenant que je m'étais calmer à manger et faire mon travail, je commençais à réfléchir : j'avais été un peu brusque et extrême dans ma colère, je suis un guérisseur, je dois aider les autres c'est mon devoir ! Bon, ben je l'aiderais quand même si elle en a besoin, mais pas la peine de le lui dire, elle en concevrais de la jubilation. Mieux vaut attendre l'occasion, elle n'en sera que plus reconnaissante et qui sait ? Peut-être qu'elle fera amende honorable même si j'en doute ! Plus qu'a finir de manger et emporter l'excédent de nourriture pour manger sur la route ! Ces dames en ont pour un moment !

Je pris donc mon sac à dos, mes affaires d'herboristes et mon bâton et, passant devant le portrait de Rajivari, je saluais le grand mage : " Au plaisir Maître ! Je part pour la bougie ! Espérons que nous nous reverrons de retour de la cité maudite ! "Puis sortant la carte donnée par le chef du guet, je sortis dehors ! Le chemin était facile à suivre, en fait je n'avais qu'a suivre le chemin que j'avais pris en passant par l'académie de magie je gagnerais même du temps. Je me retrouvais dans la cour, un salut à la draconnide et je prit la route.

Je sais je suis un imbécile mais je dois montrer que je reste un ogre de parole ! J'en suis triste, car j'aurais aimé discuter avec Lumiya tant qu'on est au calme ! Mais sans cette pimbêche de Scylla ce ne serait pas arrivé ! Je déambulais donc dans les rues huppées du quartier, Ursus à mes côtés, et parvint à la porte de l'académie, je frappais en entrais et suivit les couloirs pour déboucher sur une porte que j'ouvris sur un quartier bien différent : Le lombric ! Je me trouvais non loin de la taverne, et m'installais dans une ruelle pour attendre mes compagnes de voyage en méditant sur le destin qui m'est toujours farceur ! Lumiya fera les présentations quand elle sera là !