Aroan -1.0 - Gueule de bois flotté

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Dés:

Ton sort réagit à merveille. L'Essence afflue en toi avec fluidité, comme une pâte à modeler liquide a laquelle on aurait pu donner n'importe quelle forme.

D'abord une impulsion, un craquement sourd suivi de plusieurs autres, plus nets et grinçants. Tu sais que la roche s'est fissurée, tu as entendu, et surtout senti les épieux de pierre ferreuse qui se sont détachée de la voûte fragilisée. Mais tu t'élances déjà en avant.

Comme prévu, le tunnel tombe de plus en plus à pic. Tu glisses plus que tu ne marches, jusqu'à enfin atterrir à une corniche plus plate et plus large, éclairée par une torche solitaire fixée par une armature de métal, comme les précédentes.

Ta peau capte l'humidité croissante, tu sens que le Lac est tout proche. Tu entends presque le petit clapoti de l'eau sur les alluvions rocailleux. Mais tu entends aussi des voix fortes, des bruits de pas, multiples, des cliquetis d'armures. Le Lac à l'air loin d'être désert. Derrière toi, tu ignores si ton assassin est toujours en lice.

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Je ralentis l'allure quand j'arrive sur une bande de roche plus praticable que le tunnel. Au pied de la torche, je reprends un peu mon souffle et mes esprits. Mais très vite je reprends la direction du Lac, en direction des bruits de la vie que j'entends. Des voix rassurantes après le silence meurtrier.

Je marche à grand pas, tentant de calmer mon souffle et les battements de mon cœur, tout en réfléchissant à ce qui vient de ce passer. Est-ce qu'on m'en veux personnellement ou bien ai-je eu affaire à un bandit de tunnel ou une créature s'en prenant aux passants isolés ?

Pas la moindre idée.

Je saisis le couteau de lancer que j'ai récupéré et l'examine, sans toutefois compter qu'il m'apprenne grand chose.

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Le couteau ne t'apprends guère de choses. Il est de la plus simple des facture, le manche cintré dans une petite bandelette de cuir noir.

Tu descends encore pendant quelques minutes jusqu'à ce que l'air devienne franchement vaporeux. Les lieux se chargent d'une luminescence insolite, bleue et diffuse. Tu retrouves le premier des endroits qui t'ai été donné de voir depuis ton réveil.

Le lac est aussi grand que dans tes souvenirs : la surface luit et jette un éclairage tamisé sur la vaste voûte qui semble avoir été creusée par l'eau il y a très, très longtemps. Les abords du lac forment des coins et des recoins, souvent bordés par des pentes de galets — au départ des roches charriées depuis le large par les marées. Malgré la lumière, on ne voit à travers l'eau qu'un azur lumineux. Mais toi tu sais qu'il s'y trouve d'innombrables cercueils de verre, ceux là même desquels ton peuple s'est extirpé sans savoir pourquoi.

Pourtant, tu remarques très vite que des choses ont aussi changé. Toute une partie du lac est aménagée de berges et de pontons. Des petites barques vont et viennent, dirigées par toutes sortes de personnes. Certaines sont équipées de pilons, d'autres de filets, d'autres encore de pioches... Sur les rives direct qui donnent en face de l'accès principal — qui semble directement déboucher jusqu'au lac à présent —, un grand nombre de gens sont agenouillés sur les galets glissants et passent ses derniers dans tes tamis.
Le tout est sous la bonne garde de militaires d'Hiloroth, mais aussi de divers mercenaires argentés.

Le principal râfut environnant vient d'un groupe bien distinct. Une demi dizaine de Draconides, passablement irrités, haussent le ton en face d'un groupe de soldats. La conversation glisse peu à peu vers les conditions de travail et de respect des ouvriers, des profits de la couronnes et des Argentés...

De l'autre coté, tu remarques que deux gardes royaux te pointent du doigt et semblent te signifier de ne plus bouger, ils viennent vers toi.

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Je siffle silencieusement entre mes dents en constatant les changements survenus ici. Je ne sais pas si je les trouve bien ou mal, mais j’ai l’impression que l’exploitation de magiamit a prit un élan considérable.

Au milieu de toute cette cohue, je regarde en direction de la boutique de Milria et essaye de repérer le commerce de ma consoeur. C’est en cherchant des yeux la boutique que je remarque le manège de deux gardes. Encore ? Mais quand vont-ils me lâcher les tentacules ? Je fais comme si de rien n’était et reprends mon chemin en direction du coin de caverne où est censé se trouver la cahute de Milria.

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Dés:

Aoran n'a pas le temps de faire deux pas que soudain, deux bras épais se resserrent autour de sa taille. Ils sont métalliques et chauds, tout recouverts d'écailles mordorées.
L'individu tente manifestement de le soulever au dessus du sol, mais sans guère y arriver. Alors que les talons d'Aroan s'élèvent de quelques pouces, il entends dans son dos la voie joyeuse de Kepesk :

— "Mon cher Aroan! Tu es en vie! Par la Vague, tu es en vie! Que la Vague bénisse cette journée!"

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Spoiler:

- … !!!

Je m'apprête à protester énergiquement mais j’ai le souffle coupé par les deux bras qui me compriment la cage thoracique. Avant que j’ai pu reprendre mon souffle pour me débattre et essayer de me dégager de mon agresseur, un timbre profond et chaud retentit dans mon dos. Un timbre rassurant et joyeux, reconnaissable entre mille… une voix que je n’ai plus entendue depuis… des semaines ? Non ? Mon esprit me crie le contraire, que je l’ai entendue depuis, mais ma mémoire se dérobe à nouveau. Toujours cette sensation floue d’avoir vécu des choses dont je ne me rappelle pas…

- Kepesk !!! Par Yla !

Je me tortille pour me dégager de l’emprise du draconide et lui faire face. Pas de doute, ce bon vieux Kepesk ! Il est vivant ! Il est sain et sauf ! Il est revenu lui aussi !!! Quel est ce nouveau mystère ? J’explose de rire et étreint mon ami comme si le lâcher pouvait le faire disparaître à nouveau. Mes grands bras autour de sa solide carcasse, je laisse mon rire se mêler à des larmes de joie. Un millier de question se bouscule dans ma tête et je ne sais pas par où commencer. C’est une bouillie verbale qui se déverse de ma bouche.

- Yla soit louée ! Kepesk ! Mon ami !!! Tu es en vie toi aussi ! Mais par quel prodige ? Depuis quand es-tu là ? Oh si tu savais… Mais comment… ? As-tu des nouvelles des autres ? Que s’est-il donc passé ? Vient là que je te regarde…

Tenant mon ami par les épaules, je l’écarte quelque peu de moi pour planter mon regard dans le sien et m’assurer que mon cerveau dérangé ne me joue pas quelque tour cruel… mais non, c’est bien le regard profond et honnête de Kepesk le Capitaine Dragon qui me fait face. Si je continue à sourire pareillement, je vais me décrocher la mâchoire, mais je ne peux m’arrêter… Un de mes amis est sain et sauf, bien que je ne sache par quel tour pendable les Erelith ont pu accomplir ce miracle ! Mais par les astres, ça laisse un espoir fous pour tous les autres. Nous les retrouverons, j’en suis absolument sur à présent.

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