Ash'ham - 1.0 - Racines fragiles

Marchant à tes côtés d'un pas leste et enrobé, l'Ogre affichait réellement une mine souriante et avenante. La vie de la Fourmilière ne semblait pas le déranger et il se montrait même très connaisseur des petits pas à effectuer pour éviter de renverser quelques passants.

" Oh vous savez; la chasse c'est tout un art, un art qui se perd. On voit de jeunes Ogres qui partent comme des sauvages sans aucun respect des traditions.
Moi je fais ça bien, la traque, la mise à mort, les rituels, le dépeçage et tout ce qui peut s'en suivre. Je passe pas mal de temps dans la nature et ça m'fait toujours un p'tit quelque chose de venir ici dans la montagne.
Qui sait, peut être qu'un jour j'vous montrerai les plaines du Thar-Grief; enfin si on se sort de cette histoire en premier lieu !
Vous êtes malin et bon parleur, vous devriez vous faire avocat ou un truc du genre. Ici ça ne manque pas de prises de becs entre les nobliaux. "

Alors que vous progressiez, passant au delà du marché au travail et revenant presque à l'entrée de la Fourmilière, le gamin commença a s'agiter pour attirer votre attention. Quand vos yeux furent braqués sur lui il haussa les épaules en s'exprimant.

" Hé ! C'est pas par là qu'y sont. C'est plus haut faut même remonter la salamandre.
Là vous y trouverez qu'des aut' furets, mais pas les bons. "

L'Ogre se frotta la tête un instant en prenant un air bien plus pensif qu'il ne devait l'être. Jetant un regard au gamin, il observa ensuite dans les différentes directions tandis que le petit prenait le temps de répondre à tes questions.

" Gerri m'sieur !
Bah j'sais pas moi. C'est que... eux ils sont pas avec les autres pour se r'poser. Après y sont comme les mêmes quand même. "

Un petit groupe d'hommes tirant des chariots passèrent proche de vous. Ils transportaient des caisses de tissu et d'autres marchandises en direction de la Ruche. Plus loin, les crieurs et autres détracteurs publiques se mettaient en place; éclaircissant leurs voix et répétant leurs discours. Puis, comme échappé des ténèbres, plusieurs hurlement horribles. Ceux de femmes en grande détresse, accompagné d'autres cris de foules moins investis. Les hurlements provenaient du Cercle et l'agitation offrit à Burf le temps de finir sa réflexion.

" Si vous avez les tripes fragile, c'est p't'être pas le moment de s'rendre au Cercle, c'est l'jour des pendaisons, souvent des gosses.
Cependant il y aura obligatoirement un d'leurs gradés, c't'eux qui annoncent les sentences.
Du coup c'est comme tu l'sens Ash'Ham. Je s'rai pas contre faire saigner les enflures qui m'ont volés. Passer par l'Cercle ça m'pose pas d'soucis non plus et pour le gamin j'pense pas qu'il entrera 'vec nous chez les malfrats. "

Plus à l'Ouest, vers l'entrée de la montagne et le Cercle de Justice une plus grande agitation commençait à se faire voire et entendre, très certainement en lien avec l'annonce macabre de Burf.

Prenant la décision de remonter la Salamandre à la recherche des voleurs à vous seuls, votre marche continua dans l'une des rues les plus parcourus de la Fourmilière. C'était en effet elle, qui permettait de joindre les quartiers Nord au Coeur de la caverne. Malgré l'heure matinale, les habitants étaient déjà présents et il y avait assez de monde pour pouvoir facilement te fondre dans la masse. Pour l'Ogre c'était une autre histoire car il dépassait en général de deux ou trois bonnes têtes le reste des passants. Il profita du début de votre trajet pour évoquer quelques possibilités sur un ton carnassier.

" J'ai toujours quelques pièges sur moi.
D'quoi cisailler une jambe, et si l'bougre et coriace, i'd'vra s'concentrer pour l'enlever et n'pourra pas nous poser d'problèmes.
Filet pour immobiliser et pointes d'acier p'percer les pieds et bloquer la r'traite.
Avec d'la corde en prime et mes propres armes pour fracasser les crânes d'ces braves idiots.
Si vous arrivez à vous faufiler pour bien les observer on devrait pas avoir d'soucis. "

L’enthousiasme de l'Ogre à l'idée de s’entre-tuer n'avait rien d'étrange, ce peuple étant réputé pour son goût des affrontements sanglants tout comme l'étaient les Minotaures. Sifflotant joyeusement, Burf avançait tout en regardant les "surprises" qu'il avait dans son sac à dos, très certainement pour en prévoir une utilisation prochaine. Ton attention se reporta alors sur l'enfant qui hocha la tête avant de te lancer un grand oui ! Remontant la rue avec aisance et rapidité, Gerri s'arrêta à quelques mètres de vous et se retourna dans ta direction, te faisant signe de la main.

" C'est là ! V'voyez la grande maison en face. C'est là qui dorment et qui mettent les objets trouvés. "

Situé à l'extrémité Nord de la Salamandre sur le côté gauche, plusieurs vieux bâtiments de bois se tenaient difficilement debout et semblaient prêts à s’effondrer au moindre signe de bousculade. Le petit immeuble indiqué par Gerri disposait d'une porte principale et d'une fenêtre au rez de chaussé, il y en avait ensuite deux au premier étage et deux autres au deuxième. Seule la face donnant sur la rue était visible et pour en savoir plus il te faudrait te faufiler pour contourner le bâtiment et aller l'observer depuis l'une des ruelles sombres qui l'entouraient. Aucune lumière ne filtrait depuis l'intérieur et des rideaux semblaient bloquer votre vue vers l'intérieur, impossible donc de savoir si oui ou non quelqu'un s'y trouvait.

Le gamin ne se fit pas attendre et fila tout en te remerciant pour aller prévenir Myrtille et son frère et très certainement par la suite s'acheter quelque chose à se mettre sous la dent avec sa petite fortune nouvellement acquise. Burf de son côté acquiesça à tes idées ne prenant pas la peine d'en relever d'autres et te proposa de rester devant le bâtiment enfin, à l'ange de la rue d'en face pour pouvoir garder l’œil ouvert. A ce moment là tes yeux se fixèrent vers les hauteurs tandis que tes pensées t'invitaient à faire attention. Ta vigilance aux aguets, rien ne semblait étrange en direction des toits et peut être pensais tu plus malins qu'ils ne l'étaient les voleurs de l'Ogre. Rien sur les toits, en tous cas rien qui vous observait et ne ressemblait à une forme vivante.

Test Vigilance:

A l'avant comme à l'arrière se trouvaient de simples portes. Pouvant permettre à un Homme d'entrer sans mal, à un Ogre aussi s'il prenait le temps de se tourner légèrement. En effet l'immeuble n'avait pas été pensé pour des personnes trop grandes ou trop fortes. Les bruits de la rue empêchaient depuis l'axe principal d'entendre le moindre son en provenance de l'intérieur et il faudrait en effet aller investiguer depuis l'arrière cours. Dans les ombres, se trouvait un méandre de plusieurs ruelles et juste derrière la baraque plusieurs planches de bois, des caisses et des tonneaux formant une sorte d'espace privé. Une autre porte visiblement fermé et de trop petite taille pour permettre l'entrée de trop gros objets comme par exemple une caisse à animal plus imposante qu'un chien. Les ruelles étaient calmes et peu de bruits s'y faisaient entendre en dehors des ruées de quelques rats, s'éloignant à toute allure de toi pour pouvoir continuer à fouiller les amoncellements de détritus se trouvant à même le sol ici et là. D'autres bâtiments avaient des portes qui donnaient tout proche, mais aucune porte à double battant en vue.

A l'arrière la trappe bougea mais impossible de l'ouvrir, quelque chose devait la maintenir fermé depuis l'intérieur et même si pensais pouvoir forcer suffisamment pour briser ce quelque chose, le bruit que cela allait faire serait sans le moindre doute si important qu'il réveillerait tous les sans-abris du coin. Décidant de ne pas en faire trop, ton attention se reporta alors sur l'espace privatif se situant à l'arrière de l'immeuble où devaient se trouver les filous. Des caisses et des tonneaux encombraient l'espace, formant une délimitation sale et pas vraiment géométrique. A l'intérieur des conteneurs ne se trouvaient que des détritus et d'autres pièces d'objets sans grande valeur en l'état. Un brocanteur pourrait en tirer quelque chose, mais pour toi tout ce bric à broc n'avait pas de réelle aboutissement. Cependant, en observant la porte de derrière quelque chose attira ton attention. En effet, le bois abîmé de l'encadrement ne permettait pas à la porte de se fermer correctement et il était possible de l'ouvrir en tirant simplement sur la poignée.

Fort de ces informations qui vous permettraient à Burf et à toi d'établir un plan d'action plus sûr, tu contourna l'édifice pour regagner la rue, faisant attention de ne pas te faire trop remarquer en te glissant entre les groupes de passants. Rejoignant l'Ogre dans la ruelle d'en face il t'avait à peine demandé ce que tu avais découvert que trois personnes firent irruption, vous surprenant dans votre conversation secrète. Au devant du petit groupe se trouvait un homme de quarante ans ordinaire, mais grand, large d'épaules, certes bien fait et en bonne santé, et ce malgré le teint un peu plus hâve des profondeurs et ses forces sur le déclin. Les yeux en amande, des cheveux de jais, vaguement hirsutes, lui donnant une apparence singulière. Il avait la peau mate, et un regard vif ainsi que des mains visiblement peu habituées. A son côté pendait un fauchon qui accompagnait à merveille sa tenue de cuir et sa cape suffisamment sombre pour se dissimuler aisément dans les ombres.

Derrière lui deux Justes en en juger par le rouge de leurs pupilles. Le premier portait un bandana devant le visage ne laissant parâtre que ses yeux et ses cheveux long et fins descendant dans son dos par une grande natte. Il semblait agile et vif, portant des vêtements de voyage usés sous un gilet de cuir. D'une main il assurait la stabilité de son épée à lame courbe, alors que de l'autre il tâtonnait un étrange objet circulaire en acier pendait sur son côté gauche. Le deuxième homme plus imposant était torse nu sous son gilet de cuir, la partie inférieure de son visage barbu en partie couverte par la large écharpe qu'il portait autour du cou. Ses cheveux crépus étaient coupés courts et lui aussi disposait d'une épée courbe, qui était accompagné d'une paire de Bolas, idéal pour immobiliser. Tous trois semblèrent stupéfaits de l'apparence de l'Ogre, mais bien vite l'homme à leur tête décida de prendre la parole.

« Bonjour ! Je... Je m'appelle Lob Nor, et je suis à la recherche d'un homme qui a disparu après s'être rendu au 813 de la salamandre... dont vous venez de sortir, je vous en prie, si vous savez quelque chose, dites-le moi, c'est un vieil homme petit et sec, plus beaucoup de cheveux blancs, rasé de près, les sourcils épais et noirs comme les ailes d'un corbeau prêt à l'envol. »