Lob Nor - 1.0 - clôture de compte

Le bruit fracassant de la caisse de bois qui supportait l'arrière train de Norman le Nain t'extirpa de ton sommeil brutalement. Comme chaque matin, il installait son échoppe dans la rue, plaçant en premier lieu son siège et ensuite la petite table sur laquelle il disposait les petites figurines de bois qu'il sculptait et revendait pour quelques maigres pièces, s'assurant tout juste de quoi se nourrir lui et sa petite famille. Les bruits de la rue te remontaient eux aussi, plus lointain, bottes battant les pavés, roues frottant la pierre et discussions animés. De l'autre côté du mur, installé au chaud sur une paillasse à peu près confortable, ton corps s'éveillait et si la séparation qu'il y avait entre toi et la rue ne vibrait pas aussi intensément chaque matin cette petite chambre improvisée sous l'escalier aurait put être réellement confortable. Cependant il n'en était rien, tu le mur était si fragile que tu pouvais entendre les grommellements de Norman, les engueulades des badauds, et même le voisin d'à côté en train d'expédier son repas de la veille dans les égouts d'une manière peu ragoûtante. La Fourmilière avait à n'en point douter un charme tout particulier.

Tu avais le temps de te lever, t'habiller et même te rincer le visage avant que Jorm et Hogla ne descendent, un couple d'humain âgés qui avait acceptés avec grande gentillesse de te loger gratuitement à condition que tu leur apporte un peu de pain et de fromage si tu avais l'occasion de le faire. Jorm avait avant une boutique d'équipement de pêche qu'il avait donné à son fils unique, Holga était elle occupé à tenir le pauvre logis en ordre et à coudre de nouveaux vêtements pour ne pas avoir à en acheter, et garder ainsi leurs petites économies pour le petit enfant qu'ils rêvaient d'avoir. Le rez-de-chaussé où tu te trouvais comportait plusieurs rangements, une table à manger, plusieurs chaises et un vieux poêle à bois pour cuisiner. La porte d'entrée donnait sur la rue, à quelques mètres de l'échoppe de Norman, le voisin d'en face de la Venelle Ombreuse. Quelques reste de la veille attendaient de se faire manger alors qu'un bouillon froid de champignon et de morceaux de saucisse reposait sur le poêle. Une fenêtre sans vitre et aux volets fermés permettait de voir la rue, et un rideau pouvait être tiré au besoin.

Le bois craqua doucement sous les pas d'Holga, tremblotante comme souvent au matin. Descendant les escaliers seule, son époux n'était étrangement pas présent auprès d'elle et la vieille dame portait une bien grise mine. T'apercevant tout en dépassant la dernière marche, elle t'accorda un sourire maussade avant de serrer dans sa main un morceau de tissu gris et délavé, dernier vestige de la robe que lui avait offert Jorm pour leur mariage, il y avait bien des années déjà. Avançant à petits pas, elle s'empressa de commencer à faire réchauffer le bouillon et de mettre de l'eau à bouillir dans une casserole pour préparer un peu de thé, cette boisson chaude venue du désert et prisé par nombre des habitants de la cité pour son côté exotique. Le regard fuyant, elle marmonna plusieurs fois quelques paroles inaudibles qui ne firent que traverser les airs sans que tu puisse les attraper au vol. Dehors, la rue prenait vie doucement, tranquillement et déjà Norman interpellait quelques passants pour leur vendre de sa breloque "de qualité Naine".

La vieille dame sembla soulagée que tu lui montre tant d'attention de bon matin. Sous tes conseils, elle alla s'asseoir à la table sur l'une des chaises de bois confectionnée par Norman après un service. Observant ton savoir faire avec attention, quelque chose n'allait toujours et ses pensées semblaient bien éloignés de la petite maison. A l'entente de tes questionnements elle hésita un instant avant de te parler franchement, d'une voix fébrile et monocorde.

" Hé bien... je ne sais si j'oserai vous demander.
Mon époux est toujours présent dans son ancienne affaire.
Hier alors que vous étiez à l'extérieur notre fils est passé et ils ont parlés un long moment.
Je ne sais de quoi il en retournait mais Jorm semblait très agacé. Malgré les explication de notre enfant, mon mari a décidé d'aller rencontrer certaines personnes, peut être d'autres vendeurs...
Il n'est pas réapparu depuis et je me fais un sérieux sang d'encre en y pensant. Je n'ai pu trouver le sommeil et plus le temps passe, plus je m'imagine le pire.
Si vous pouviez aller voir de vous même et me ramener mon époux...
Il n'est plus de votre âge et j'ai peur qu'un malheur soit arrivé.
Il a copié l'adresse sur son vieux journal mais à arraché la page en partant...
Viendriez-vous en aide à une vieille dame ? Je ne possède pas grand chose pour vous récompenser malheureusement mais je ferai mon possible pour vous donner quelques pièces. "

La grand mère fut rapidement rassuré alors que tu lui assurais ton support et ton aide pour trouver des nouvelles de son époux. Elle te remercia et insista grandement avant que tu ne partes pour que tu manges un morceau d'un fromage qu'elle gardait précieusement dans une commode pour les moments de besoin. Tu allais avoir besoin de force et un bon morceau de fromage ne te ferait que du bien, il ne fallait pas partir le ventre vide ! Te souhaitant de vite revenir avec son Jorm ou de bonnes nouvelles elle t'assura qu'un bon repas vous attendrait à votre retour à tous les deux et semblait complètement convaincue de la bonne réussite de ton affaire. Juste avant de partir elle te confia le petit carnet de son époux, une page ayant été arrachée.

Une fois la porte franchie, le mouvement de la rue te sauta aux yeux et même s'il était encore tôt les passants ne manquaient pas; remontant la Venelle Ombreuse pour gagner plus loin la Salamandre en direction des Capes ou bien du Pas du Roi pour rejoindre le cœur de la Fourmilière. Certains allaient descendant vers la Canne pour se rapprocher plus au Sud de l'entrée de la Ruche ou bien de la zone des Boucheries, à moins qu'ils ne soient en direction du ghetto des non-humains et du fameux marché elfique. Norman en te voyant sortir t'adressa un geste amical de la main, tenant un étrange couteau à la lame courbe. Puis, sans s'arrêter de chanter la qualité de son travail, recommença à couper doucement quelques morceau dans la pièce de bois qu'il tenait en main, emplissant toujours un peu plus sa barbe de copeaux délicats. Devant lui deux petites tables, l'une pour porter ses outils et l'autre pour ses petites créations. Les grandes pièces comme les chaises ou les tables basses, se trouvant chez lui juste en face et la porte ouverte de son habitation permettaient aux potentiels clients d'y jeter un œil facilement.

Le Nain leva la tête dans ta direction et s'arrêta de sculpter un instant. Il fronça un sourcil à l'entente de tes propos et sembla lui aussi inquiet de la situation; Ici les gens étaient sympathique et se connaissaient, alors savoir qu'un de ses bons voisins avait des soucis n'était jamais agréable à entendre.

" Je jetterai un œil à la vieille dame et j'irai lui faire la causette un moment.
Pour Jorm je crois bien l'avoir vu passé hier alors que je rangeais mon petit atelier chez moi. Pour sûr il avait l'air en colère, il est remonté en direction de la Salamandre mais je ne sais pas où... Ah ! Et il avait un morceau de papier en main qu'il tenait fermement au point de le froisser.
J'espère que ça va aller... "

Norman haussa les épaules et recommença à découper avec précision et dextre le morceau de bois. il changea d'outil pour utiliser une sorte de pointe à bout rond, créant des formes à certains endroits et ramollissant le bois à d'autres. Puis il utilisa du charbon de bois pour marquer quelques zones afin de les éviter dans sa coupe car elle devait être travailler un peu plus tard. Te voilà donc avec quelques informations mais rien de précis, tes recherches semblaient difficiles sans plus de précisions.

Holga t'observa passer rapidement par la maison pour lui donner de premières nouvelles qui étaient les bienvenues. Comme les passants, le temps filait et après t'être appété correctement pour la situation tu quittais la maison pour débuter ton enquête. Après quelques mètres dans la rue, observant avec attention le carnet du vieil homme quelques informations intéressantes firent leur apparition, tes talents d'érudition et ton expérience te permettant d'observer quelques détails anodins :
- Plusieurs se répétaient souvent, visiblement des fournisseurs de longues dates. Les notes se stoppant bien entendu depuis quelques mois puisque Jorm avait laissé son affaire à son fils.
- Sur la première page se trouvait l'adresse de son ancienne boutique, tout comme un croquis joliment réalisé la représentant.
- De nombreux dessins pour certains plus précis que d'autres présentaient une partie des objets vendus, souvent accompagné d'une ébauche de texte pour mettre les produits en valeur.
- Les chiffres t'indiquaient que le commerce se portait plutôt bien et qu'il était peu probable qu'il ferme sans faute majeur.
- Dernier détail et pas des moindres, à force d'observer les pages marqués tu observa que Jorm avait une tendance à bien appuyer son écriture, laissant régulièrement des marques de ses mots sur la page suivante.

Descendant dans ta direction, un petit groupe de Furets surveillait les rues menés comme à l'habitude par un membre légitime de la garde. Quelques enfant passèrent en courant, jouant à s'attraper, masqué pour respecter la tradition festive du moment. Quelques personnes accrochaient les dernières guirlandes à leurs habitations puisque d'ici un ou deux jours le nouvel an serait passé !

Norman te fit signe de la tête de te servir sur son établi directement en accompagnant le geste d'un grommellement. Une fois en possession du précieux morceau de charbon de bois tu commença à frotter délicatement la surface de la page suivante celle arrachée et, petit à petit, quelques mots commencèrent à apparaître pour finalement former une adresse :

813 gauche sur la salamandre
volet vert sombre, volée de marche sous la porte

Voilà enfin une information précieuse, une adresse exacte et précise, très certainement le lieu où se rendait le vieil homme avant sa disparition. Le Nain voyant ton visage s'ouvrir suite à cette découverte osa poser une question, piqué dans sa curiosité par ton action d'enquêteur.

" Alors ? Ton coup de crayon est bon ? "

Le Nain secoua la tête en signe de négation tout en t'expliquant que son dernier masque de bois sculpté avait été vendue la veille. Il en aurait bien refais quelques uns mais il n'était plus certain de les vendre et il ne restait plus qu'une journée avant la nouvelle année. T'indiquant qu'il n'oublierait pas l'adresse que tu venais de lui confier, il t'assura une fois de plus qu'il prendrait des nouvelles d'Holga et avertirait les Furets si tu n'étais pas de retour le lendemain matin. Il ne pouvait pas faire bien plus si ce n'est te conseiller de ne pas trop perdre de temps par la boutique du fils, après tout, c'était le père que tu cherchais. Te rendre aux abords du marché au travail allait t'obliger à faire un sérieux détour surtout si c'était pour remonter ensuite sur la Salamandre. Juste dans le cas d'une rixe, il te donna un petit pendentif fait d'une cordelette à laquelle était suspendue un petit bouclier de bois finement sculpté et gravé de runes de protections. L'objet n'était pas enchanté, mais il pouvait très certainement t'apporter la protection d'Arthas et ainsi te porter un peu chance. Norman te souhaita bonne chance et te salua d'un geste de la main, avant de reprendre la coupe de ce qui commençait à ressembler à une statuette d'Eventorn brandissant son épée Baelmung.

Filant par le Sud pour rejoindre la Travée d'Hilolith tu passa devant le bazar qui comme souvent accueillait une demi-douzaine de Justes faisant office de protecteurs pour les lieux mais aussi de mercenaire pour ceux qui voulaient bien mettre la main à la poche. Sans se montrer désobligeant à l'heure du thé, ils demandaient d'être payé 5 drucks d'avance pour t'accompagner dans ta chasse personnelle. De plus il n'acceptaient pas de travailler à moins de deux, ayant le souvenir douloureux d'un des leurs partit en escorte seul un jour pour se faire en réalité assassiner et dépouiller de ses biens par les complices du faux-client. Les situations du genre étant monnaie courante, il serait très difficile de les convaincre de travailler pour un salaire en devenir, surtout sans les connaitre personnellement. Tu pouvais donc tenter ta chance ou continuer ta route vers l'Ouest, auquel cas il te faudrait remonter vers le Nord de la Salamandre, vers le numéro 813. Et les Furets, ils te semblaient étonnamment absent, même si c'était quand on avait le plus besoin d'eux qu'ils étaient les plus difficile à joindre.

Deux des hommes présents se levèrent, laissant leur thé chaud sur la petite table ronde pour rapidement te rattraper, les Drucks ayant été laissés au bon soins de leurs camarades. Le premier portait un bandana devant le visage ne laissant parâtre que ses yeux et ses cheveux long et fins descendant dans son dos par une grande natte. Il semblait agile et vif, portant des vêtements de voyage usés sous un gilet de cuir. D'une main il assurait la stabilité de son épée à lame courbe pour ne pas qu'elle percute un passant, alors que de l'autre il écartait les imprudent se tenant devant lui. Un étrange objet circulaire en acier pendait sur son côté gauche, il te semblait en avoir déjà entendu parlé dans tes voyages, un disque de guerre capable de fendre l'air et les crânes à toute vitesse avant de revenir vers son lanceur. Le deuxième homme plus imposant était torse nu sous son gilet de cuir, la partie inférieure de son visage barbu en partie couverte par la large écharpe qu'il portait autour du cou. Ses cheveux crépus étaient coupés courts et lui aussi disposait d'une épée courbe, qui était accompagné d'une paire de bolas, idéal pour immobiliser. Les deux hommes se présentèrent d'un nom alors que tu les guidais en remontant la Salamandre. Le premier était Kazir et le second Mordan.

Après plusieurs minutes qui te parurent bien courtes, vous étiez enfin proche de votre lieu de destination. Situé à l'extrémité Nord de la Salamandre tu savais que plus haut se trouvait le quartier des Capes, bien connu pour les brigands et malfaiteurs qu'il hébergeait. A quelques mètres sur votre gauche se trouvait le petit immeuble de deux étages correspondant à la description et portant à côté de sa porte le numéro 813. Il était mitoyen à un plus grand et plus large bâtiment de nombreuses ruelles permettant d'en faire le tour. Observant quelques secondes les lieux qui étaient entièrement clos de l'extérieur, tu remarqua soudainement un étrange personnage se faufiler d'une ruelle voisine vers les bâtiments de droite. Sortant de derrière le 813 il faisait son possible pour se fondre dans la foule des passants afin de ne pas se faire remarquer. A ces oreilles en pointes tu devina un Elfe de sexe masculin, il fit quelques pas dans l'angle proche d'une ruelle situé sur le côté opposé au lieu de destination du vieux Jorm.

T'adressant un signe de tête positif, les deux Justes se positionnèrent derrière toi afin de t'encadrer de manière sécuritaire. Le pas leste vous avancèrent sur plusieurs mètres afin de dépasser l'angle de rue derrière lequel l'Elfe avait disparu. Fort heureusement pour toi, ou peut être pas, celui que tu cherchais à interroger se trouvait en pleine discussion avec un Ogre. Ce dernier portait un large pantalon coloré et de grandes bottes montantes, son pantalon étant maintenu par une grande et large bande de tissu servant là de ceinture. Son torse était habillé d'une chemise bouffante faite sur mesure, et qui avait certainement coûté très chers, ainsi que d'un beau gilet de cuir lui aussi bariolé de couleurs. Son crâne rasé sur les côté laissait pendre une queue de cheval d'un noir profond qui s'extirpait d'une masse de cheveux sombres sortant à travers sa peau kaki. Un monocle sur l’œil droit, des dents acérés et une large hache dans le dos manié par de grosses paluches pleines de bagues venaient terminer le portrait de cet étrange personnage portant sur le dos un sac-à-dos visiblement plein. L'Elfe lui avait un look plus sobre; Des cheveux long et argentés, des yeux dorés comme l'or, grand et fin il était comme beaucoup d'elfe assez agréable à regarder. Sa différence résidait en une peau mâte peu commune, des tatouages tribaux bien particuliers recouvrant un bon tiers de son corps et de son visage, et surtout une gestuelle gracieuse qu'un œil expert comme le tiens reconnaîtrait comme parfaitement maîtrisée et signe d'un grand contrôle de lui-même. Alors que tu venais de faire irruption auprès d'eux, ils restèrent figés, visiblement prêts à réagir adoptant des postures défensives en attendant que tu te manifestes.