Cercy - 1 - 1 : Recommandation magique

Pour Cercy:

Enfin, après plusieurs mois de voyages à passer de caravanes en caravanes, Cercy étais arrivée à la cité des Hommes. Maintenant qu’elle était proche de la porte, la masse de celle-ci, et celle de la montagne par-dessus était vraiment impressionnante. La majestueuse porte sculptée avait souffert des affres du temps, mais on sentait une volonté de lui rendre le prestige des temps anciens. Le plus étrange était de voir le nombre de gardes et archers sur les différents niveaux, patrouillant et laissant entrer les visiteurs et caravanes dans la ville, entourés par les énormes statues naines antiques et les nouvelles statues humaines, presque minuscules en comparaison.

Cercy se trouvait derrière une petite caravane humaine de produits frais à destination de la ville. Deux enfants, un petit garçon et une petite fille, regardaient les quelques représentants des autres races avec des yeux ronds de curiosité. La petite fille laissait trainer son regard sur la magicienne avec insistance, comme légèrement intriguée par son apparence. Ca trainait, les gardes vérifiant avec zèle chacune des caravanes.

Un coup d’œil sur les côtés, et Cercy put voir deux autres files, celles-ci réservés aux visiteurs uniques. Elles avaient l’air plus rapide, mais les gardes passaient scrupuleusement au crible chaque personne, posant quelques questions avant de laisser passer.

Cercy relu une fois encore la lettre de son mentor. Il savait être têtu, et la jeune mage ne pouvait guère lui en vouloir. Au contraire, quelque part il est toujours réconfortant de savoir que quelqu'un, quelque part, s’inquiète pour vous.

Avec un sourire sur le visage, et eut une une pensée en contemplant son propre égoïsme Cercy. Se forçant à retenir le nom de la personne qu'elle devait retrouver elle enroula la lettre et la rangea à côté des deux autres.

Les portes de la cité paraissaient à Cercy bien plus larges et imposantes qu'elle ne les avait imaginées. Et elle avait pourtant fortement eut l'occasion de revoir ses attentes à la hausse depuis qu'elle avait rejoint le mouvement qui tentait d'atteindre Hiloroth. Son regard allait d'un point à un autre point sans guère pouvoir tout observer. La cité naine réinvestie par l'humanité avait toujours de quoi impressionner.

La foule était dense et même si Cercy avait l'habitude de marcher et rester debout de par ses voyage avec son grand père il fallait avouer que les mois de trajets commençaient à se faire sentir. Les files des côtés étaient particulièrement tentantes en cela. Cependant pour Cercy qui n'avait strictement pas la moindre idée du protocole à adopter dans cette situation c'était aussi bien trop de possibilité de déranger. Malgré ses jambes elle n'étaient pas particulièrement pressée par ailleurs.

Elle envoya un sourire à l'enfant curieuse qui la dévisageait puis reprit sa contemplation des sculptures et de l'ouvrage de la porte en attendant que la foule avance, et elle par la même occasion.

Les caravanes avançaient avec un train d'escargot. plusieurs longues minutes se passaient entre chaque chargement, et la magicienne pouvait voir les gardes continuer encore et toujours dans leur zèle, ouvrant chaque barils, piquant chaque botte de foin. L'animation était guerrière, calme et inquiète. Il était difficile de savoir si ils cherchaient quelque chose ou si la sécurité était simplement très stricte.

A cette distance, Cercy pouvait voir d'autres gardes courir derrière les portes, et un certain nombre d'officiels donner des ordres en vociférant. Mais il était encore trop loin pour voir quoi que ce soit.

Le sourire de Cercy encouragea l'enfant à la dévisager de plus belle, et elle resta fixée avec cette attention d'enfant plusieurs minutes sur le visage de la magicienne. A l'occasion d'un nouvel arrêt a juste une caravane de l'entrée, elle sembla se décider.

"Madame ? Vous êtes une elfe ?"

Cela fit tourner la tête du petit garçon, qui sonda la magicienne d'un regard inquisiteur. Deux paires de regards scrutaient désormais Cercy.

L'agitation ambiante était particulièrement pesante. Jusqu'à présent Cercy n'avait jamais encore vu un tel étalage de sécurité. En certains oasis on fouillait les caravanes arrivantes pour s'assurer qu'il n'y avait pas particulièrement de problème. Mais en venir à piquer chaque botte de foin indiquait que soit l'on avait un zèle tout nouveau et excessif soit que l'on craignait pour une raison bien précise. Non que les raisons de craindre pouvaient manquer aux personnes habitant la cité. Mais d'autant qu'elle pouvait le savoir un dragon aurait bien eut du mal à se camoufler dans une botte de foin. Ce zèle la laissait particulièrement songeuse.

La question de l'enfant tira la mage de ses pensées.

Cercy regarda l'enfant. Cercy aimait les enfants de manière général. Ils ne comprenaient pas mieux le monde que la majorité des adultes et un certain nombre savaient être extrêmement désagréables. Mais dans l'ensemble. Les enfants avaient plus l'habitude d'apprendre, et de découvrir, que n'importe quel soldat, érudit ou paysan, dont l'honneur serait remis en question s'il admettait ne pas comprendre, ou ne pas savoir quelque chose.

"C'est une amusante question. Pourquoi pense tu cela ?"

Cercy avait gardé, ou plutôt avait reprit son sourire. Elle ne voulait pas que la jeune fille pense qu'elle se moquait d'elle. Le frère se mit à son tour à la dévisager. D'une manière plus sévère semblerait il. Petit garçon devait sans doute penser connaître le monde et avait déjà un jugement en tête. C'est la première idée qui vient à l'esprit de Cercy avant qu'elle ne se reprenne, se disant que cette réflexion ne valait pas guère mieux. Elle tourna son visage vers lui, suffisamment longtemps pour lui transmettre un sourire poli, avant de revenir vers la petite fille.

La jeune enfant était toute sourire, ses jambes battaient d'avant en arrière pendant qu'elle réfléchissait à sa réponse.

"Eh bien... Vous êtes très belle, et très grande, et très pâle. Et vous avez de beaux et longs cheveux. Ma maman dit que les elfes sont tous comme ça."

Satisfaite de sa réponse, elle regarda l'enfant à coté d'elle, comme pour avoir son approbation. Le petit garçon resta silencieux quelques secondes, pendant que la caravane avançait derechef.

"Elle n'a pas les oreilles pointues, ce n'est pas une elfe."

"Oui mais elle est très très grande, non ? Autant que papa. Les elfes sont très grands."

"Les elfes sont très mince, elle n'est pas mince."

"Maman non plus n'est pas mince. Et elle est plus mince que maman."

"Que se passe t il ici ?"

Les enfants se turent alors qu'un garde d'Hiloroth montrait le bout de son casque. Alors que ses collègues discutaient avec le chef de monture, il avait fait le tour de la caravane, pour en vérifier le contenu. Il regardait désormais les deux enfants et Cercy, avec cette position mi officielle, mi blasée, des militaires en fin de quart. N'ayant pas de réponses de la part des enfants, il se tourna vers la magicienne.

"Vous êtes avec cette expédition ?"

Le garde était plus petit que Cercy et on pouvait voir des cheveux blonds comme les blés sortir sous le casque. Il était jeune, sans un poil sur le visage. Ses yeux avaient du mal à quitter ceux de la magicienne alors qu'il attendait sa réponse.

Cercy ne put guère s’empêcher de sourire un peu plus en entendant la réponse de l'enfant. La description était plus que flatteuse. Néanmoins, et même s'il s'avérait très désagréable, le petit garçon avait bien raison sur le fait que la jeune mage n'était pas une elfe.

La voix du garde mit fin à la conversation entres les deux enfants et aux réflexions de Cercy. Il avait un visage plutôt agréable, même s'il était partiellement mangé par son casque, et Cercy se demandait si ses cheveux bouclaient naturellement ou si cela était le résultat d'une attention particulière. La fatigue d'une journée bien trop longue se lisait sans mal sur sa figure et la mage se prit a s'en vouloir un peu de participer à la fatigue journalière du soldat.

"Je vous présente toutes mes excuses. Je crois que c'est ma faute pour avoir distrait quelque peu les enfants"

Cercy eut un dernier petit regard pour les enfants qui semblaient s'être bloqués. Sans doute en train d'attendre qu'on leur disent s'ils avaient fait une bêtise ou non. Et Cercy qui ne voyait pas vraiment ce qui pouvait leur être reprochés fit tout son possible pour afficher une expression qui puisse les aider à se détendre.

Son regard retourna vers celui du soldat, qui lui semblait ne pas avoir quitté le sien. Le regard bloqué dans la direction de Cercy. Elle avait bien du mal à déterminer pourquoi. En fait il y a toujours plein d'idées qui viennent en tête. Mais elle était incapable de déterminer parmi toutes celles-ci laquelle était pertinente. Elle prit une posture légèrement plus sérieuse. Sans forcer, et plus pour ne pas paraitre impolie en paraissant fuyante, elle soutien le regard du soldat.

"Je ne suis pas avec la caravane non. Cela pose il un problème ?"

Elle avait formulé sa phrase de la manière la plus calme et paisible qui soit. Signifiant autant que possible que cette dernière question était tout ce qu'il y a de plus sincère.

Le jeune garde se frotta le crane en bougeant le casque. Il regardait tour à tour les enfants et Cercy, comme si cela lui permettait de prendre une décision. Ses yeux étaient constamment attirés par le regard de la magicienne, même s'il se faisait violence pour éviter d'être discourtois.

"J'imagine que non. C'est juste qu'avec tout les dignitaires étrangers qui sont à Hiloroth actuellement, nous sommes très surveillés par les agents de la Couronne. On va vous poser quelques questions et vérifier vos affaires. Maintenant, pardonnez moi, il faut que je vérifie le contenu de la caravane."

Attrapant le bout du chariot, il sauta avec agilité au niveau de l'intérieur, et commença à  faire l'inventaire, les deux enfants dans les jambes. Ceci s'étaient calmés, et recommencèrent à regarder autour d'eux, dans l'espoir de voir un dignitaire étranger.

Au bout d'une petite minute, le garde se pencha vers ses collègues et hurla un "Clair !" haut et sonore. Ceux ci hochèrent de la tête et la caravane fut encouragée à avancée, disparaissant dans les noirceurs d'Hiloroth. Le garde sauta à terre et se positionna à coté de la magicienne. La petite fille tenta un timide salut de la main avant de disparaître également.

Autour de Cercy, cinqs militaires, quatre gardes et leur supérieur.  Lorsque le jeune garde eut expliqué que la magicienne n'était avec aucune caravane, celui ci s'approcha, ruminant dans sa moustache. Grand, costaud, l’œil sévère, il dévisagea de haut en bas la jeune femme avant de parler :

"Vous venez du Sud c'est ça ? Je reconnais le Fahadji à vos vêtements. Vous n'avez pas les yeux rouges alors j'imagine que vous êtes Humaine. On va devoir vérifier votre sac si vous le permettez."

Il fit un signe de tête au jeune garde qui se figea avant de regarder Cercy, l'air totalement désolé. Son supérieur n'en ayant cure, il continua de fixer la magicienne.

"Pendant qu'on vérifie, j'ai besoin de savoir. Qu'est-ce qui amène une dame comme vous aussi loin dans le nord, alors que vous étiez peut être dans le dernier endroit du monde à n'avoir pas encore sombré dans le chaos le plus total ?"

Le garde monta dans la caravane. Cercy compris que sa fixation sur son regard n'avait a priori rien de malveillant, et à vrai dire pour l'occasion, ses tentatives de rester courtois en détournant le regard parfois maladroitement était fortement mignonnes.

Tandis qu'il inspectait la caravane Cercy regarda les deux enfants chercher du regard tout autour d'eux. Elle profita d'un instant où la petite fille regarda dans sa direction, pour amener sa main au niveau de l'un de ses oreilles. Et déposa son index et son pouce pour mimer le fait d'avoir une oreille en pointe, comme le ferait une enfant. Elle ne dit rien mais lui fit un grand sourire.

Le soldat fini par indiquer la fin de sa fouille et la caravane partie. La mage répondit de la main au timide au revoir de la jeune enfant. Avant de se rappeler qu'elle était entourée de soldats qui aimeraient bien pouvoir finir leur travail, et sans doute se reposer.

Le supérieur prit la parole. Il avait un ton plus sec mais à vrai dire c'était tout ce qu'il y a de plus logique pour une personne dans sa position. Cercy n'en tint absolument pas rigueur. Elle savait que, malheureusement, parler fort et faire preuve de sévérité était dans la logique de la plupart un prérequis pour certaines positions hiérarchique. Et elle était particulièrement heureuse de ne jamais avoir eut besoin de l'être.

Elle tendis son sac vers le soldat qui allait devoir le fouiller. Tentant de lui adresser un sourire lui faisant comprendre qu'elle comprenait et qu'il n'y avait pas de mal. Puis elle se retourna vers le chef pour répondre à ses diverses questions.

"Aussi étrange que cela puisse paraître c'est en parti ce qui m'amène justement. Je suis mage et ait demandé mon transfert depuis la branche de Silice. Espérant pouvoir contribuer d'une manière ou d'une autre à la reconstruction"

"Mage, hein ?"

Le gradé se renfrogna visiblement. Lorsque le jeune garde lui présenta les parchemins cachetés, il les attrapa vivement et les regarda à la lumières. Soupirant il les rendit, avec à peine plus de respect au garde, qui les rangea bien obligeamment dans le sac.

"Ouaip, c'est le cachet de l'Ordre, pas de doutes... Tout est en ordre, madame, vous pouvez entrer dans la cité."

Le gradé lança un dernier regard noir à la magicienne puis beugla d'une voix forte pour faire avancer la caravane derrière. Cercy se retrouva poussée sans ménagement dans la ville, le jeune garde courant derrière avec le sac.

De la lumière à la pénombre, un petit temps d'adaptation était nécessaire. Une énorme cave s'ouvrait au fond du tunnel d'entrée, et Cercy pouvait déjà voir une foule considérable bouger dans le ventre de cette étrange cité souterraine. Mais plus que la vue, c'était l'odeur chaude et animale qui montait de la cité vers l'entrée qui faisait le plus chavirer l'esprit. Hiloroth était un changement brutal d'univers et l'odeur en était sa plus fidèle représentante.

Près de Cercy, le jeune garde, tendant le sac à la magicienne, tentait de parler avec gentillesse :

"Excusez le chef, miss. Il a du mal avec les magiciens. Une affaire de règlement différent, je crois. Pas comme si j'y connaissais grand chose de toute manière..."

Avec un sourire timide et des mouvements gênés, ainsi qu'une petite étincelle dans le regard, il tenta une dernière question :

"Avez vous besoin d'autres choses ? Je peux répondre à vos questions, si vous voulez ?"

Cercy fut donc poussée dans la ville. Même si elle pouvait comprendre partiellement, et pour plusieurs raisons, l'attitude global du supérieur, un minimum de délicatesse ou de politesse lui aurait semblé un petit minimum. Ceci dit maintenant qu'elle avait réussit à rentrer sans trop d'encombre l'attitude d'un garde qu'elle ne reverrai sans doute jamais était devenue la dernière de ses préoccupations.

Ses yeux mirent quelques temps à s'habituer à la lumière. Moins que son odorat certes, qui sur l'instant eut une forte envie de partir en vacances. Cercy avait eu l'occasion de voir quelques environnements durant ses voyages mais la plupart étaient ouverts et dans de grands espaces. Si la route vers Hiloroth lui avait donnée quelques aperçus, ce qui l'attendait était encore une fois largement au delà de ce que la mage avait prévu.

Beaucoup de pensées passèrent dans l'esprit de la jeune mage, tandis qu'elle observait la fourmilière qui lui faisait face. Elle le nierai sans doute plus tard, mais l'idée de faire demi tour et d'écouter plus sagement les conseils de son mentor fit plus que lui traverser l'esprit. La ville était grande, elle était seule, avait un très long voyage dans les jambes. Et même si elle avait le nom d'une personne à trouver et donc un but immédiat. Cela ne l’empêcha pas de se sentir pendant quelques instants comme une feuille qui voulant découvrir le monde, s'était jetée sur le courant d'un gigantesque torrent fuyant à plein vitesse.

Le jeune garde la tira de ses pensées en s'approchant pour lui rendre son sac. Les efforts qu'il faisait pour être agréable étaient vraiment appréciables.

"Non pas de soucis, je peux comprendre. Tout le monde doit être dans un certain état de stress si vous devez gérer la venue de différents dignitaires. Il n'y a pas de mal."

Cercy tenta de le réconforter. Non qu'elle pensait réellement totalement ce qu'elle disait, surtout vis à vis de son supérieur, mais elle ne voulait surtout pas qu'il se sente mal. Et à vrai dire son supérieur avait peut être lui aussi des raisons d'être nerveux. Il pouvait aussi juste avoir un mauvais caractère de nature, mais Cercy préférait partir du principe que non.

Le jeune garde proposa son aide à la jeune mage. Cercy prit un peu de temps pour réfléchir, elle ne voulait ni particulièrement abuser, ni sous entendre quoique ce soit, mais il faut avouer qu'elle aurait bien besoin d'un peu d'aide.

"A dire vrai oui. Juste une question rapide. Mes contacts à la branche de Silice m'ont donné le nom d'une personne à rencontrer une fois arrivée ici. Un certain Syssim Weedum’Ja. Sauriez vous où je devrais me rendre pour le trouver ? Ou juste même trouver quelqu'un qui pourrait me renseigner ?"

Le jeune garde réfléchit un moment, faisant tourner le nom sur sa langue plusieurs fois. Aprés un petit moment, il baissa les bras, l'air abattu.

"Je suis désolé, madame, ce nom ne me dit rien du tout. On dirait un nom Smilly... Ou Draconide... Et je ne connais pas beaucoup de personnes de ces races, et encore moins si c'est un membre des mages."

Soupirant, il regarda les hauts de la ville, cherchant du regard quelque chose. L'ayant trouvé, il le pointa du doigt pour que Cercy puisse voir.

"Vous voyez la zone illuminée là bas sur la droite ? C'est la direction du marché elfique. Il fait office de place publique pour tout le ghetto des non humains alentour. Il y a très peu de non humains à l'intérieur de la ville, alors il y a de fortes chances que s'il réside quelque part, ce soit là bas. Les Smillys forment une communauté très soudée et bien renseignée, mais je ne sais pas si ils accepteront d'aider une humaine."

Il montra la voie principale.

"Si vous suivez le Pas du Roi, vous arriverez à la Ruche, là où se trouve l'école de magie d'Hiloroth. Je ne sais pas si ça peut vous aider, mais certainement que d'autres mages pourront d'avantage vous renseigner. Il vous faudra un laisser passer pour entrer dans la ville, ceci dit. A cette heure, je vous conseille de bien protéger votre bourse, car il y a beaucoup de voleurs dans le coins."

Le jeune garde retira son casque, laissant apparaître un visage agréable et souriant, brillant de transpiration. Il se passa le dos de son gant sur le front pour en chasser la sueur.

"Si jamais vous avez besoin d'un endroit où vous reposer, je vous conseille la Reine, en suivant le Pas du Roi. Ne vous fiez pas aux filles de la taverne, c'est certainement le lieu le plus sûr de la Fourmilière pour une dame en voyage. C'est un peu bruyant, mais nous autres soldats allons souvent y terminer notre quart, et personne n'osera vous déranger si nous sommes autour."

Il bombait le torse de fierté, avant de se retourner pour vérifier que personne ne vienne le chercher. Rassuré, il lança un dernier regard à la magicienne.

"Je ne dois pas rester trop longtemps avec vous, mon chef va me faire des misères. Si je peux me permettre, quel est votre nom ? Au cas où nous nous croisions à nouveau ? Je suis Rishard."

Cercy écouta avec attention les réponses du jeune garde. Tentant de retenir l'utile et le principal.

Le jeune soldat fit une remarque au niveau de l'heure et, chose donc Cercy prit alors conscience seulement c'est qu'elle n'avait en effet aucune idée de l'heure qu'il était alors. Elle ne connaissait nullement la cité et n'avait pas du tout connaissance de comment les personnes habitant ici pouvait bien faire pour distinguer une heure quelconque du jour ou de la nuit avec l'absence totale de la vision du ciel. Elle prit le temps d'attendre que le jeune homme finisse de parler pour ne pas faire signe d'impolitesse.

"Mon nom est Cercy. Cercy Sylbiane de par mon grand père. Désolée de reprendre mais, vous avez dit "A cette heure" ? J'avoue être incapable de savoir quelle heure il est actuellement. Comment faites vous pour vous y retrouver ?"

Sa question était pour le coup plus pragmatique que curieuse, et le jeune soldat pouvait la sentir plus nerveuse éventuellement s'il faisait attention.

Pas une nervosité de panique, mais plutôt de celle que l'on ressent quand on est prise de cours. S'il se faisait tard et que la vie urbaine allait décliner il lui faudrait trouver rapidement comment passer la soirée dans un endroit tranquille et sécurisé. Inutile de se balader au beau milieu des rues sans avoir le moindre point de chute. La recherche de Syssim Weedum’Ja devra attendre une nuit de sommeil. Et surtout le réveil des gens capables de l'informer.

Le jeune soldat avait donné à Cercy le nom d'un établissement. Et même si elle se demandait bien pourquoi le jeune homme s'était senti obligé de la rassurer quand à la tenu du lieu. Elle n'allait pas particulièrement demander son reste s'il fallait dormir. Ses jambes étaient d'ailleurs plutôt de cet avis.

Le jeune soldat perçu la nervosité de la magicienne. Cela le rendit nerveux à son tour et il eut du mal à reprendre le fil de sa parole.

"Oh ! Oh rien de plus simple Miss Cercy ! Vous... Vous regardez la couleur des lanternes autour de vous... Euh.. Là ! Celle là par exemple."

Le soldat se rapprocha d'une torche étrangement ornementé juste derrière la magicienne. Celle ci était en hauteur, difficilement accessible de la rue. Le soldat la désigna du doigt avant de continuer.

"Lorsqu'il fait jour, la lumiére passe de l'orangé au jaune à partir du zenith. Puis elle descends progressivement vers l'orange en fin de journée. A ce moment, les allumeurs passent et activent les réverbères qui passent en couleur de nuit. C'est la même chose avec une lumière plus blanche, virant doucement à un bleu clair au milieu de la nuit."

Il se rapprocha de nouveau et en profita pour remettre son casque faisant disparaitre sa tignasse sous le métal.

"La couleur est différente avant ou après le zénith, et c'est pareil avant ou après minuit. C'est difficile à décrire mais après quelques jours vous devriez être habitué à la reconnaître."

Un bruit le fit tourner la tête vers l'entrée. Fébrile, il se retourna vers la magicienne.

"Je dois vraiment y aller. Bonne fin de journée miss Cercy. J'espére vous revoir un jour."

Un dernier signe de la main et le jeune garde partit en courant vers l'entrée, jetant un dernier regard avant de disparaître dans la lumière.

Cercy se retrouvait désormais seule au début de la grotte monstrueuse qu'était la fourmilière. D'un autre tunnel attenant au sien, elle pouvait voir une courte procession d'elfes sur de magnifiques chevaux descendre doucement dans la ville, fronçant le nez devant tant de populations. Tous étaient armés et la plupart portaient armures au blason de l'arbre d'or. Peut être faisaient ils partis des ambassadeurs dont parlait le garde de l'entrée.

La Fourmilière s'ouvrait à Cercy, dans son immensité.

Cercy écouta avec attention les explication du jeune soldat, puis lui rendit son au revoir d'un signe de main et d'un sourire avant de se retourner vers la cité.

Elle fit une petit moue sur son visage le temps de recoller les morceaux et informations utiles. Nul doute qu'elle allait oublier des choses alors autant tenter de garder en tête le principal. En premier lieu le chemin pour trouver un endroit où se reposer donc. Suivre le Pas du Roi. Non seulement cela l’amènera vers ladite auberge. Mais la rapprochera des portes de ladite Ruche pour laquelle il lui faudra un laissé passé. N'ayant encore pas la moindre idée de où son contact pouvait bien se trouver, et pour autant qu'elle le sache il pouvait très bien être derrière lesdits portes, elle voulait surtout trouver un point de chute.

Elle s’avança donc en tentant de suivre le fameux "Pas du Roi". Laissant un peu de distance entre elle et les elfes qui venaient d'arriver. Cercy n'avait pour ainsi dire jamais eut de contact avec ce peuple, et le moment ne lui semblait pas opportun de tenter la chose. Non pas qu'elle se méfiait particulièrement des elfes, elle préférait juste être prudente et éviter toute rencontre.

Progressivement, la foule s'empara de la magicienne, l'emportant dans sa masse mouvante comme la rivière emporte une brindille. Dans toutes les directions, de tout les cotés, pauvres et riches se frottant l'épaule, elfes, justes, même un Ogre imposant. Des charrettes, des boeufs, l'odeur des épices et du compost mélangés, se croisent et s'entrecroisent, parlant, criant, riant, pépiant et mugissant.

Le Pas du Roi était une avenue de bonne taille. Il était facile de la suivre, malgré la population qui la traversait. Sinuant à travers la fourmilière, l'avenue passait à coté d'un certain nombre de petites échoppes de différentes professions, du rémouleur au maréchal ferrant, du tisserand au cordonnier. L'avenue tournait brusquement, puis à nouveau dans l'autre sens, et Cercy put voir au loin une nouvelle porte intérieure. Moins ouvragé que l'entrée, mais tout aussi impressionnante. Des gardes à nouveau et de longues processions de personnes, attendant leur tour pour rentrer dans un batiment sur la gauche. Beaucoup de gens entraient et sortaient du portail, rapidement controlés par les gardes.

A la gauche de Cercy, un bâtiment très éclairé assurait l'angle de la rue. Une énorme enseigne en bois, trônait sur le bâtiment, indiquant en grand et en peinture "Taverne de la Reine". Beaucoup de gens à l'intérieur et une animation qui se sentait déjà à l'extérieur sous la forme d'une musique folklorique entraînante. Le batiment montait sur plusieurs étages, et un certain nombre de gens regardaient simplement les passants d'en haut, profitant du spectacle.

Il y avait tout un tas d'enfants dans la rue, agiles et discrètes figures se faufilant entre les jambes des passants. Cercy failli en percuter l'un d'eux pendant qu'elle regardait le bâtiment. Un jeune garçon humain, le visage couvert de poussière et l'oeil vif, la tignasse mal lavée et en bataille, releva la tête vers la magicienne.

"Mes excuses, m'dame ! J'vous avais pô vu !"

Avant de disparaître de nouveau dans la foule.

Jet de dés:

Cercy sentit que quelque chose n'allait pas et porta aussitôt la main à sa ceinture. Son sac était ouvert et sa bourse béait à l'intérieur, ouverte par un coup de tranchant discret et précis. Les pièces se répandaient dans le sac.

Un coup d'oeil alentour, et la magicienne put voir le garçon sortir de la foule, et rejoindre ses acolytes, tenant sa paume levée en signe de triomphe.

Voleur a écrit:

Cercy (Argent) : - 5 druks d'argent.

La vie extrêmement mouvementé de la cité, et ce malgré ce qu'elle dénotait aussi de la pauvreté des lieux, enchantait fortement Cercy. En quelques instants son regard pu se poser sur plus de nouveautés, de découvertes. C'était chaotique, cela partait dans tout les sens, les odeurs, les bruits et même, pour l'occasion, les contacts d'épaules avec les autres personnes vaquant sur l'avenue.

Cercy eu bien du mal à fixer son attention sur une seule et unique chose, et pour le coup son esprit avait total oublié son mal de jambes et aussi partiellement pourquoi elle était ici. Là maintenant tout de suite elle était trop absorbée à admirer les différentes échoppes, a se questionner sur comme les habitations avaient fait pour pousser ainsi, a se demander comment cette bâtisse ici faisait pour tenir, à regarder les métiers à tisser visible par l’entrebâillement de la porte ou écouter les bruit de forge. Elle tentait de tendre l'oreille pour écouter les conversations quotidienne de cette masse de gens. Elle était littéralement comme une enfant de six ans lancé dans un endroit totalement nouveau n'ayant pas la moindre idée de où se rendre mais abordant un sourire bien trop grand à chaque nouvelle chose que son regard croisait.

Ce fut la vision de la gigantesque porte ouvragée qui ramena la jeune mage à la réalité. Et il lui fallut quelques instants pour comprendre qu'elle était déjà arrivée sur place. Il ne lui en fallut pas moins pour se souvenir des raisons initiales qui faisait qu'elle voulait venir ici.

Cercy prit le temps de réfléchir un peu. Elle voulait surtout savoir les conditions nécessaire pour pouvoir passer la porte. Puisque la branche de Quartz se trouvait de l'autre côté. Le sceau du parchemin qu'elle possédait était il suffisant ?

Les bruits venant du bâtiment d'à côté tirèrent rapidement la mage de ses pensées. L'animation qui y régnait piqua encore une fois la curiosité de la mage qui commença a se maudire elle même de ne pas réussir à garder un peu de concentration. Son esprit était en plein duel entre une partie lui disant d'aller avant tout s'informer sur comment passer la porte, et une autre qui lui voulait avant tout voir ce qui provoquait une telle animation, et qui aussi se disait qu'il y aurait sans doute une personne dans l'établissement capable de répondre. Ses pensées furent encore une fois coupées.

"Mes excuses, m'dame ! J'vous avais pô vu !"

La jeune mage mit un certain temps avant de comprendre ce qui venait de se produire. Et commença à formuler une phrase réflexe pour dire que c'était elle qui s'excusait. Mais le jeune enfant était déjà parti. Laissant la jeune mage quelque peu hébétée sur place, c'est une sensation étrange de mouvement dans son sac qui l'alerta. Son regard remonta et tomba, plus par hasard que autre chose, sur l'endroit où le jeune enfant rejoignait ses acolytes.

Il y eu pas mal de chose qui passèrent dans l'esprit de la jeune mage. Elle pouvait alerter les gardes qui étaient juste à côté, ou même se mettre a poursuivre l'enfant dans une scène pittoresque au possible. Elle y pensa mais c'était le genre de pensée que Cercy avait prit l'habitude de balayer directement sans même plus y réfléchir.

Les pensées de la jeune mage étaient plutôt trouble et triste en l’occurrence. De là où elle venait les enfants ne s'improvisaient pas voleurs, et ne prenaient pas le risque de commettre de tel larcin juste en face des force de l'ordre. Du moins... pas sans y être forcé d'une manière ou d'une autre. Par la pauvreté ou par quelqu'un d'autre. Et même si la cité lui semblait fortement différente de ce qu'elle avait connue jusque lors, elle avait du mal a croire qu'il pouvait en être différemment ici.

Elle compta rapidement l'argent qui lui manquait. 5 drucks d'argent. C'était une somme, mais clairement pas quelque chose qui allait l’empêcher de vivre ou de pouvoir trouver un toit ce soir.

La musique folklorique se rappela aux oreilles de la jeune mage. Et son esprit décida que, là maintenant tout de suite, elle ne dirait pas non à boire quelque chose histoire de se changer les idées. Elle referma son sac de manière plus ferme, s'arrangea pour le porter de manière plus sécurisée, eu un dernier regard pour l'angle de rue où se trouvaient les enfants, espéra que la somme les aidera un peu, pour un moment dumoins, et se mit en route pour rentrer dans la Taverne de la Reine.

Avant de rentrer, un dernier coup d’œil aux enfants permit de voir deux hommes en armure de cuir noir s'approcher d'eux avec peu de discrétion. Ils furent repérés par l'un des gamins qui prévint ses camarades, les faisant s'égailler dans tout les sens, disparaissant dans la foule. Jurants, ceux qui semblaient être la maréchaussée locale partirent à leur poursuite mais, gênés par la foule, ils auraient peu de chances de les rattraper.

Sur cette dernière vision, un sympathique air de fifre se fit entendre, depuis la lourde porte à double battant qui faisait la frontière entre le brouhaha de la rue et la chaleur accueillante de la taverne. En la poussant, Cercy pénétra dans un lieu sonore et joyeux, peu remplis à cet heure. Quelques musiciens jouaient sur une petite scène dans un coin, pendant que des serveuses chamarrées passaient de tables en tables, servant les quelques groupes de clients déjà là, et terminant de nettoyer la salle avant, vu le nombre de tables au rez de chaussée, une soirée certainement très remplie.

"C'est inacceptable !"

"Marianne sois raisonnable."

"Il n'en est pas question ! Sur ma vie, jamais je ne négocierais avec ces sauvages !"

La voix de stentor venait du premier étage, où une magnifique femme apparu, ses longs cheveux roux suivant lentement son sillage. Marianne donc, attrapa la balustrade et montra un groupe de gardes à une silhouette encapuchonnée qui la suivait dans l'ombre.

"Et eux alors ?! Ne crois tu pas qu'ils pourront la protéger ?! Personne n'osera jamais s'attaquer à la Reine, Freddy, tant qu'elle sera le repère préféré de ces gentilhommes.", aux gardes, "N'est ce pas messire ?!"

L'un des gardes se leva, son godet à la main.

"Nous vivants, personne n'importunera notre Reine sans en payer le prix, Marianne !"

Il fit un révérence que la dame accueilli de même, puis elle se retourna aussi vite vers son mystérieux auditeur.

"Elle est en sécurité ici, comme toutes mes filles. Ils ne connaissent même pas son nom de toute façon, comment veux tu qu'ils la retrouvent ?"

"Ils peuvent toujours la voir travailler ici, Marianne. Et je ne veux pas que les autres aient des problèmes. Bon sang ! Les Capes sont à deux rues ! Et tu connais la réputation de ces types !"

"C'est non."

"Je le fais pour toi, merde !"

"C'est toujours non, Frédéric ! Je te remercie pour l'info, mais jamais je ne reviendrais sur ma promesse envers mes filles. La Reine est sûre pour tout le monde, Fred. C'est peut être le dernier coin de la Fourmilière encore sûr. Maintenant fout le camp avant que je ne décide que ta présence et tes paroles ne m'indisposent."

"Je t'aurais prévenu, Marianne."

"Et j'ai entendu. Vas t en, vas te calmer un peu et laisse moi m'occuper de ça. J'ai une clientèle à honorer."

L'ombre disparu dans l'étage, pendant que la magnifique femme descendait avec grâce les marches de l'escalier. Cercy pouvait voir un flux d'émotions passer sur le délicat visage, entre colère et extrême inquiétude. Mais une fois au bas des marches, un parfait sourire vint camoufler tout cela et Marianne reprit sa place au comptoir, donnant des ordres et servant les commandes.

Autour de la Magicienne, la soirée se préparait, comme si cette étrange altercation n'était jamais arrivée.

L'ambiance dans la Taverne était clairement tout aussi animée que dans les rues de la cité. D'une animation différente, mais pas moindre un seul instant. Cercy fut soulagée de voir que l'endroit n'était pas autant bondé qu'elle l'avait craint. Elle s'approcha pour se poser et reposer autant ses épaules qui tenaient son sac que ses jambes qui venaient de lui rappeler leur existence.

De sa place la jeune mage pu entendre, ainsi que la totalité de la clientèle, l'altercation entre Marianne et le dénommé Freddy. Elle ne su bien si elle devait se sentir rassuré par la preuve de dévotion assez particulière fait par le garde au nom de l'entièreté de son groupe. Elle connaissait les démonstration de loyauté proférées au coin d'une chope d'alcool. Elles étaient rarement les plus fiables.

Cercy eu un nouveau sourire amère sur l'angle de son visage en se reprenant une nouvelle fois à médire de personne qu'elle ne connaissait pas encore. la fatigue rendait ses pensées peu bienveillantes. Et elle préférait ne pas trop réfléchir aux autres raisons possibles.

Attendant calmement la fin de l'altercation elle se força à ne pas trop laisser, son esprit chercher les détails. Ses oreilles avaient entendu des bribes de conversations et si elle avait été en terrain plus connu son naturel aurait clairement voulut demander "Un problème ? Je peux faire quelque chose ?". Et même si elle essayait de ne pas le laisser paraitre sa curiosité devait se lire sur son visage comme on lit un ordre royal accroché en grand sur un panneau d'affichage. Lorsque Marianne revient derrière le comptoir elle tenta un timide geste de la main afin de passer commande.

La tenancière s'occupait prestement, soufflant des ordres à une jeune serveuse avant de vérifier les stocks et la salle. Elle passe une fois devant Cercy sans la voir, déplaçant avec dextérité un plateau de chopes sales vers l'arrière du bar. Elle revint rapidement et sembla passer une deuxième fois sans voir la magicienne, avant de s'arrêter, et de revenir d'un pas en arrière. La magnifique dame scruta quelque seconde la magicienne, avant de lui sourire.

"Eh bien, regardez moi ça. Ce n'est pas tout les jours qu'une voyageuse se présente avec un visage si singulier. Pardonnez moi pour mon regard inquisiteur, mais votre origine est un mystére pour moi, et je m'estime une experte lorsqu'il s'agit des voyageurs de notre cité."

Elle laissa pencher son visage parfait, ses longs cheveux roux cascadant le long de son épaule.

"Il y a quelque chose qui me perturbe dans votre visage, plus précisément. C'est très étrange, vos émotions sont un vrai livre ouvert mais je n'arrive pas à lire correctement votre histoire. C'est comme si ce n'était pas votre vrai visage... "

Marianne releva la tête, de nouveau souriante.

"Mais excusez mes élucubrations, je manque à tout mes devoirs. Pour me faire pardonner, laissez moi vous offrir une consommation. Que puis je vous servir ? Nous avons un authentique thé Fahadjien si vous désirez. Ou un cidre de Balithar ?"

Cercy eut un petit sourire gêné durant les paroles de la tenancière. Le genre de sentiments de léger malaise qui pouvait advenir à quiconque lorsque quelqu'un tente de lire votre histoire sur votre visage sans s'en cacher. Et la magicienne savait très bien qu'elle n'était pas particulièrement douée pour cacher la plupart de ses émotions.

Elle fut particulièrement reconnaissante lorsque la tenancière se reprit pour lui faire la liste des consommations disponibles.

"Le thé Fahadjien est une très bonne proposition. J'en prendrais avec plaisir merci"

Cercy n'avait pas dans l'idée de se laisser payer une consommation. Mais son esprit s'était surtout arrêté sur le mot "thé" et l'intégralité des membres de son corps lui soufflèrent que c'était une excellente idée et qu'ils étaient tombé sur un parfait consensus là dessus.

La jeune mage hésita un peu attendant que la tenancière revienne avant de poser du coup quelques questions en affichant un sourire poli.

"Merci beaucoup. J'aurai quelques questions éventuellement si cela ne vous dérange pas. Je viens d'arriver dans la cité et j'ai encore un peu de mal a savoir où me diriger"

Cercy prit un peu de temps pour savoir dans quel ordre il était le plus opportun de s'interroger avant de reprendre ses questions tout en appréciant le breuvage.

"Je dois me rendre à la branche de Quartz, mais j'ai cru comprendre qu'il fallait une autorisation spéciale pour pouvoir rentrer dans la Ruche. Dans le même temps je devrais aussi retrouver une personne dénommée Syssim Weedum’Ja, et l'on m'a conseillée d'aller voir du côté du marché elfique. Mais malgré quelques explications, j'ai encore du mal à me rendre compte de l'heure de la journée, et donc je ne sais si c'est une bonne idée d'essayer de m'y rendre tout de suite"

Cercy du se retenir de continuer son débit de parole en s'excusant pour parler autant ou en faisant preuve d’indiscrétion vis a vis de la conversation qu'il y avait eut quelques secondes plus tôt.

Marianne écouta Cercy avec toute l'attention de sa profession. Souriante, disponible, ses yeux verts de gris ne quittèrent pas un instant ceux de la magicienne. Peut être est-ce pour cela que Cercy put voir les pupilles de la tenancière s'étrécir distinctement à la mention de son contact. Pourtant, le reste de son visage restait toujours aussi beau et souriant. Une fois les explications de la magicienne terminée, elle s'inclina.

"Si vous êtes magicienne, cela explique beaucoup de choses. Je vous prie de m'excuser pour mes paroles de tout à l'heure. Pour quelqu'un comme moi, tout ce qui révèle de la magie est souvent trop mystérieux pour mes sens."

De nouveau droite, avec cette posture à la fois détendue et stricte des meilleurs serveurs, elle continua.

"Je n'ai pas l'honneur de connaitre Syssim Weedum'Ja, mais le nom est à consonance Smillienne si je ne me trompe pas. Presque toute la communauté Smilly vit dans le Ghetto des non humains a quelques rues au sud d'ici. Mais la nuit va bientôt tomber et les rues vont se noircir de travailleurs. Je pense que vous trouverez plus sûr de visiter le quartier demain dans la matinée. Malheureusement, mon conseil s'étends également à la Ruche. Les bureaux d'obtention de passes seront bientôt fermé et vous n'aurez aucune chance aujourd'hui d'obtenir le laisser passer vous permettant d’accéder à l'Ecole de Magie. J'ai bien peur que vous ne soyez obligée de passer la soirée dans la Fourmilière."

Espiègle, elle ne put s’empêcher de sourire malicieusement.

"Nous fournissons le gîte et le couvert aux voyageurs. Pour une poignée de bronze, je peux vous fournir une chambre propre, tout le nécessaire pour vous délasser après un bon voyage et l'ambiance digne de votre arrivée dans la capitale. A moins que vous n'ayiez déjà un endroit où passer la nuit ?"

Derrière la magicienne, la porte s'était déjà ouverte à plusieurs reprises. C'était quelques clients pour l'instant, mais l'afflux allait crescendo. La fin de la journée s'annonçait pour toute la ville.

Cercy se demanda pendant un bref instant pourquoi les yeux de la tenancière avait eu ce bref sursaut lors de ses paroles. Mais elle se rendit vite compte que, si la tenancière savait quelque chose, elle ne voulait pas en parler. Et Cercy ne voulait pas être impolie en insistant.

Cercy souffla légèrement en apprenant l'heure qu'il était, de contentement, elle était heureuse d'enfin avoir une idée plus précise de l'heure de la journée. Il allait lui falloir du temps pour s'habituer à la vie souterraine et à son rythme.

Marianne, en bonne hôtesse et en fine marchande, fit remarquer que l'établissement proposait des chambres. A ce mot les différents membres du corps de la magicienne tombèrent encore une fois unanimement d'accord.

"J’accepte avec plaisir. Le voyage fut long et une nuit de repos ailleurs que dans une caravane ne sera pas de refus"

La magicienne commença à attraper son sac, puisque il allait lui servir de bourse jusqu'à ce qu'elle se penche sur le fait de raccommoder, même sommairement, l'ancienne. Son regard replongea dans les yeux vert de gris de Marianne.

"Je vous dois combien en tout du coup ?"

Elle parlait autant pour le thé que pour la chambre, elle avait pointé du doigt la tasse en espérant que la tenancière comprenne la totalité du message.

La tenancière fit un énigmatique sourire à la magicienne avant de répondre.

"Pour une personne comme vous, moins d'un argent. Ne vous préoccupez pas du prix de votre séjour et profitez simplement de votre visite. Voyez ça comme une faiblesse de ma part pour le mystère de votre passé."

La tenancière se retourna et pris une clé forgée sur une petite étagère. Au blason de la Reine, il y avait une petite étiquette avec un numéro dessus.

"Vous serez à la chambre 21, au deuxième étage. Prenez vos aises, je vous ferais monter de l'eau chaude dans une poignée de minute. Je préfère vous prévenir, vous devrez redescendre si vous voulez manger. Nous avons des tables moins bruyantes au dessus de la salle pour les repas de nos clients."

Marianne donna la clé à Cercy.

"N'hésitez pas à importuner nos serveuses si vous avez des questions ou d'autres besoins. C'est leur travail. Est-ce que je peux vous être de plus ample assistance ?"

Suivant ses dires, Cercy pu voir Marianne jeter un coup d'oeil derrière elle, jaugeant l'affluence de la salle qui augmentait à chaque instant. D'un signe de tête aux musiciens, ceux ci arrêtèrent de répéter et commencèrent à se préparer pour la soirée. Marianne restait toujours là, disponible aux questions de la magicienne.

"Merci bien à vous"

Cercy ne pouvait guère faire taire une petite voix dans sa tête qui se demandait bien pourquoi Marianne se montrait à ce point prévenante. A vrai dire cela l'ennuyait particulièrement de payer un prix réduit pour quoique ce soit, d'autant plus qu'elle pouvait parfaitement se permettre de payer un prix complet. Cependant elle se rendit bien compte qu'insister dessus risquait de paraitre plus impoli encore qu'accepter la chose.

Cercy attrapa les clefs avec un petit mouvement de tête pour remercier Marianne. Nota ce les informations importantes liées au repas. Elle glissa l'argent demandé. Et sourit un peu en s'imaginant importuner les serveuses, c'était clairement au delà de ses compétences. Elle n'était pas du genre a réussir à importuner quiconque tant qu'elle se sentait dans une situation plutôt rassurante. Et la situation actuelle y ressemblait. Du moins toujours en comparaison d'autres endroits et situations qu'elle avait pu connaître.

La magicienne se leva donc pour se rendre dans sa chambre. Ses muscles se rappelant à elle à cette instant, elle eu un sourire poli pour Marianne.

"Merci encore beaucoup à vous. Vous êtes vraiment trop aimable. Je pense déposer mes affaires avant de descendre prendre le repas si cela ne vous dérange pas."

Un dernier signe de remerciement, elle se prépara à monter vers la chambre qui lui a été assignée si la tenancière n'y voyait pas d'objection.

"Bon séjour dans notre établissement."

Un dernier sourire, une dernière inclinaison du buste, un dernier mouvement de cheveux, et Marianne repartit à son travail, laissant la magicienne seule avec la clé de sa chambre.

Autour de Cercy, l'ambiance commencait vraiment à changer. En l'espace de quelques minutes, les teintes jaunes de l'extérieur avaient virés à l'orangé, signe que la nuit n'allait pas tarder à tomber. Les clients entraient encore et toujours et, par grappes, allaient s'installer aux multitudes de tables du rez de chaussé, commandant à boire à des serveuses particulièrement vives. La musique avait commencée sur une agréable ritournelle qui donnait à la taverne une ambiance festive et chaleureuse.

En haut des escaliers, Cercy put voir une longue salle avec des tables plus intimes, pour l'instant très vide à part quelques occupants en train de finir un repas anticipé. Un groupe de serveuses étaient également en train de se préparer en riant à leur quart qui risquait de bientôt commencer. Les yeux de la magicienne butèrent brièvement sur l'une d'entre elles, qui dégageait une impression de solitude et d'anticipation terrifiée particulièrement frappante.

De courts cheveux d'un noir de jais et un visage coupé à la serpe, elle tentait de sourire aux encouragements de ses collègues, mais sans volonté. Elle avait peur, et ça se sentait même de l'autre bout de la salle.

D'autres escaliers étaient de part et d'autre de ce premier étage, ils montaient sans doute vers les chambres.

Arthas a écrit:

Cercy trouvera dans sa chambre tout ce dont elle pourra rêver après un si long voyage. Les serveuses sont légions et disponibles et n'hésiterons pas à l'aider d'avantage, mais sans répondre à ses questions. Lorsqu'elle se préparera à partir, ce sera juste avant le coucher du soleil.

Je te laisse raconter ce petit moment de calme. Cela risque d'être le dernier avant un moment.