Dilica -1.1- Échappée nocturne (Ruée à l'abri)

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Le couloir était désert, et la chambre de Sethis avait l'air d'être la seule occupée. Pour trouver âme qui vive, Dilica du revenir au seuil du Hall d’accueil. Elle eu du mal à le reconnaître : ce dernier avait bien changé.

Les piliers étaient maintenant en verre taillé à la perfection, et projetaient leurs reflets à travers un sol de marbre teinté de mille variantes de gris. Les murs étaient d'une pierre bleue et lisse, comme si elle avait été polie des années durant. Des moulures dorées et des arabesques ciselées décoraient le tout. Enfin, des dizaines de lustres imposants jetaient sur les lieux un éclairage que toutes les torches de la Fourmilière réunies auraient eu du mal à atteindre.

Son accès était toutefois gardé par Eric et son imposante stature. En entendant l'Humaine arriver, il se retourna d'un bloc comme si une sirène d'alarme avait retenti.

— "Que veux-tu ? Je ne peux te laisser passer, fille de la Fourmilière. L'aube va bientôt se lever, tu ferais mieux de dormir tant qu'il en est encore temps. Si tu veux de l'eau, il y en a dans vos chambre. Elle est fraîche."

Invité

Dilica ne s'étonna guère de la modification subie par les lieux. Il s'agissait encore là d'une sorcellerie, et elle pensait bien trouver cette même pièce sous un autre aspect le lendemain. Tout juste fit-elle le parallèle entre ce lieu aux airs riches, et la pauvreté grouillante dans laquelle vivait une grande partie de ses semblables.

Ayant retrouvé Eric, Dilica se dit qu'un garde, qu'il soit mage ou pas, devait toujours avoir un fonctionnement similaire à ses confrères. Elle tenta donc sa chance directement auprès du maton.

"Vous n'y êtes pas. Si je voulais boire, je chercherais autre chose que de l'eau pour oublier le fiasco de la soirée. Mais en fait, je cherche plutôt à me détendre en attendant la suite, je ne trouverais pas le sommeil pour l'instant."

Afin d'éviter tout malentendu, la jeune femme avait pendant ce temps ouvert son pochon de dés et les montrait à Eric, sous forme d'invitation à faire une partie.

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Dés:

— Du jeu de dés ? Lança Eric avec un dégoût évidant. Tu n'es plus à la Fourmilière, jeune fille. Vous êtes à l'Ecole de Quartz, et ici nous n'avons pas de temps pour les loisirs...

Dilica ressentit alors une vague de chaleur l'effleurer. Le contact ressemblait un petit peu à celui dont la magicienne Tissaya avait usage sur elle, mais dans une version bien plus allégée. Elle sentait qu'Eric sondait ses jeux de dés grâce à la Magie.

Dés:

Au moins, ces objets ne sont rien de plus que ce qu'ils prétendent. La nuit à déjà été suffisamment agitée par un trublion de ton acabit. Pas question de prendre de nouveaux risques. Si tu pensais te divertir en ces lieux, tu t'es lourdement trompée. Un archimage se penchera très certainement sur votre cas dés demain."

Invité

HRP:

Ainsi, tous étaient des rabats-joie dans ce bâtiment.
"Pas de temps pour les loisirs ... Ça m'étonnerait que tu ne fasses que potasser des livres tous les jours. En plus, quitte à tenir la garde, je ne vois pas où le jeu est une perte de temps vu que tu es coincé ici. Mais bon, tant pis."

Voyant que même ses dés devaient passer par un contrôle en règle, elle s'exclama :
"Mais enfin, ça vous suffit pas d'avoir triturer ma mémoire, faut encore que vous doutiez de mes intentions après ça ? Je ne suis pas toute blanche, c'est sûr, mais comme ta copine l'a fait remarqué, je suis une voleuse, pas un assassin. Quant à ces loisirs de que décrie tant, ceux qui n'ont pas la chance de passer par une école de magie trouvent leur subsistance avec les possibilités qu'ils ont."

Puis, se calmant un peu, elle ajouta :
"Et c'est la deuxième fois qu'on nous parle d'une attaque ce soir même. Que s'est-il passé au juste, que vous ayez failli laisser crever l'un de vos amis aux portes mêmes de ses soigneurs ?"

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Dés:

— "Une... copine ?! Eric ecarquilla les yeux d'un air plus qu'outré. La Lönria Tissaya est archimage, parmi les plus grands et les plus renommés d'Hiloroth, et sans doute d'Arathiel ! Par les Douze Essences, un peu de respect !

Se rendant compte qu'il avait élevé la voix, le magicien jeta un oeil dans le couloir pour s'assurer que leur tapage n'avait réveillé personne. Il foudroya Dilica du regard.

Tu t'es faite tissayisée, c'est vrai, mais en temps que Ria gardien, c'est mon devoir de ne rien laisser au hasard. Et nous avons déjà failli cette nuit, raison de plus. Il y a quelques heures, un voleur de ton genre s'est introduit ici et a tenté de prendre la fuite avec des objets volés. Il a faillit réussir, si il n'y avait pas eu le Guetteur Eons...

Si la Lönria Tissaya n'avait pas lu en toi, tout porterait à croire que tu aurais été une complice de ces malfaiteur, revenue à la charge après un premier échec. Vous et eux, êtes liés, d'une manière ou d'une autre, je ne sais pas comment mais je sais que les Archimages mettront tout cela au clair rapidement... D'ici là je ne pourrais pas fermer un oeil avec quiétude."

Invité

Ainsi, Dilica pouvait énerver le garde et le faire sortir de ses gonds. Se doutant d'être plus ou moins à l'abri d'un accès de colère, elle en profita pour pousser le petit jeu, rien que pour vider ses frustration de ne pas avoir eu la partie de dés qu'elle était venue chercher.
Souriant grandement au garde, elle répondit :
"Je me suis faite ... tissayisée, hein ? Pas sûr que ce soit une grande marque de respect de nommer ton archimage aux traits de catin de luxe.
Par contre, tu as bien raison de t'inquiéter, si une personne tant inférieure à vous car incapable d'allumer sa pipe avec ses doigts a réussi à entrer chez vous incognito ! Pour ma part, je ne me vois aucun lien avec cette personne, je devais juste aller fiche la frousse à langue de vipère. Et encore, même pas en le molestant, juste en brûlant quelques gribouillis ...

Pour en revenir à ton insomnie, maintenant que tu sais que mes dés ne vont pas t'exploser à la figure, et que tu n'as rien d'autre à faire que d'attendre sagement ici, pourquoi ne pas tenter de t'ouvrir à la culture étrangère des tavernes et autres auberges en faisant une partie ?"

La jeune femme ne croyait pas vraiment à ses chances d'obtenir sa partie, mais souhaitait surtout être le plus ennuyeuse possible.

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— "Tu te méprends, Fourmilleuse, retorqua Eric qui se rembrunissait d'un cran. "Tissayisée"... C'est devenu une expression, tant la chose est étonnante, et efficace. Je ne parle pas à tort, j'ai moi même été Tissayisé pour pouvoir occuper la fonction de Garde.

Il haussa les épaules, agacé.

Quant à vos sales affaires, les liens existent, aussi étroits qu'indiscutables. Tu es la deuxième personne envoyée ici par ce fameux Alf le Nain, tout ça la même nuit. Et toi comme l'autre voleur, tu es accompagnée par un magicien plus que louche. J'ai vu le Registre, ton ami magicien a passé quarante ans dans les forêts marécageuses de Merkel, à vivre loin de l'Ordre mais aussi loin de toute civilisation... Personnellement, je me tiendrais à l'écart d'un tel personnage."

A la nouvelle mention des dés de Dilica, Eric fronça les sourcils.

Dés:

Je ne peux pas. Je suis Garde, je dois garder. Il ne peut pas y avoir de nouveau faux-pas pour ce soir. Quand la situation sera plus claire et moins risquée, peut-être... Encore que pour ça, il faudrait que le Lönria Astorius te laisse libre... Sur ce, vas-t'en maintenant. Tu me déconcentre, et demain, c'est toi qui aura besoin de concentration."

L'agacement du garde s'était percé d'une pointe de compassion voire de pitié, mais sa voix était ferme et sa détermination semblait intacte.

Invité

Voyant la réaction du garde, et sa propension à lui donner des renseignements que d'autres auraient gardé par devers eux, la jeune femme se radoucit un peu.
Après tout, il ne semblait pas méchant et moins protocolaire que prévu quand on lui en donnait l'occasion.

Après avoir rangé ses dés en désespoir de cause, elle alla placer sa main sur l'épaule du garde quelques secondes et lui dit :

"Désolée, j'ai été une peste avec toi ce soir. Merci de m'avoir éclairé sur ce que tu sais. Le mage qui était avec moi m'est aussi inconnu qu'à toi, voire plus, vu ce que tu viens de m'apprendre. A sa décharge, il a vraiment tout fait pour aider votre camarade Maltar, au point de se mettre en travers de mon chemin quand il me prenait pour un assassin.

Ça m'étonnerait qu'on me laisse tout à fait libre pendant un bon moment, mais au moins je ne pense pas que tes supérieurs me jugeront suffisamment dangereuse pour me tuer. C'est peut-être là ma chance. Reportons donc la partie à la prochaine fois où je pourrais venir en un seul morceau !"

Ajoutant un clin d’œil malicieux, elle ajouta :
"Je prendrai même mes dés de joueuse honnête ! Bonne garde."

Sur ce, elle s'en alla vers sa chambrée. Maintenant que sa potentielle dernière partie n'avait pas eu lieu, elle n'avait plus qu'à laisser les pensées de tribunal et de sorts horribles tournoyer dans son esprit. Mais au moins, elle savait en partie à qui elle avait à faire, à l'intérieur de cette structure, mais aussi vis à vis de son compagnon d'infortune, sur lequel elle ne pourrait visiblement pas compter.

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