Sethis -1.0- Retour au point de départ

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Gaze. Ce dangereux criminel était donc activement recherché par les autorités et le destin avait voulu que Sethis le rencontre en toute ignorance de cause, sans même se douter de l'intrication d'une telle affaire …

Le médecin se tourna d'un air inquisiteur vers son ami, affalé sur sa chaise, toujours inconscient quoique pourtant bien mieux portant qu'il ne l'était quelques minutes auparavant. Quelle était l'implication de Maltar dans tout ceci ? Quels étaient ses liens avec l'Ordre ? Une myriade de questions se bousculaient dans sa tête mais il ne désirait pas les exprimer à haute voix, préférant taire sa curiosité insatiable au profit d'un silence prudent.
(Oh et puis à quoi bon. J'aurais mes réponses lorsqu'il se réveillera. D'ici là, je vais tâcher de nouer connaissance. Des amis dans l'Ordre, ce ne peut-être que bénéfique.) pensa-t-il en plissant imperceptiblement les yeux, évaluant pensivement la chétive Lana qui tançait sans méchanceté le distrait Parchessim pour son absence d'organisation.

Le smily s'affaira alors à ranger le fatras que la plume enchantée avait contribué à provoquer, fourra ensuite le tas putride d'habits que Sethis avait laissé par terre dans un sac et se dirigea vers l'entrée, prévenant qu'il allait jeter le tout dans les égouts non loin et qu'il serait revenu d'ici peu. Il ouvrit la porte avant de lâcher un cri dépourvu de toute virilité, surpris de trouver une femme qui semblait attendre sur le seuil. Une appréhension certaine traversa d'un éclair l'esprit du nécromancien comme une alarme. S'il s'agissait d'un assassin envoyé pour achever le travail, il devait conserver l'initiative à tout prix.

Il sourit d'un air égrillard, s'approchant d'elle, les yeux rivés sur ses atours charmeurs.
« Ha ! Vous arrivez à point nommé mademoiselle ! Entrez, entrez donc ! Je craignais de devoir trimbaler ce gros balourd tout seul ; mes deux compères ne son guère efficaces en qualité de porteur, mais vous, vous me semblez bien mieux … charpentée, pour ce faire. »

Les battements de son cœur s'accéléraient de seconde en seconde. Il jouait les naïfs tout en simulant un intérêt béat pour la beauté de l'ennemie dans l'espoir que celle-ci baisse sa garde.

Arrivé à sa hauteur, il l'invita d'un geste de la main à entrer avant de se tourner vers Parchessim, le visage soudain grave, comme pour lui exprimer sa véritable intention.
« Nous allons donc emmener ce pauvre homme chez un guérisseur mon ami, vous pourrez nous rejoindre très vite après que vous ayez jeté vos ordures. » lui déclama-t-il en appuyant à peine ses mots. Il espérait que Parchessim comprenne qu'il lui offrait là l'opportunité de sortir quérir de l'aide sans éveiller les soupçons de l'assaillante.

De nouveau souriant, il attendit que la jeune inconnue entre, afin de s'engager derrière elle et porter le premier coup.

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La jeune femme leva un sourcil, sans abandonner son sourire.

Elle passa un pied au dessus du seuil mais sembla vite se raviser et prenant un air grave, elle s'exclama :

"Mais au fait, il s'est blessé comment votre ami ? Vous n'avez rien fait de louche pour ne pas l'avoir emmené de suite voir un soigneur ?"

La fille recula de quelques pas, tentant vraisemblablement de garder sa distance avec Sethis. Elle mit sa main dans son pochon pour pouvoir tripoter quelque chose que le médecin ne pouvait voir.

A coté, Parchessim restait planté comme un piquet, l'air de ne pas comprendre ce qu'il se passait. Lana, elle, s'était levée doucement...

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La fille avait reculée. Sethis l'espace d'un fugitif instant avait froncé les sourcils par réflexe, trahissant ainsi sa déception mais il se reprit aussitôt et continua de s'avancer vers la femme problématique d'un air badin. Son sourire néanmoins s'était fait plus carnassier, presque menaçant.

La comédie n'avait pas prise. Il devait changer d'angle d'attaque. L'assassin potentiel était alerte désormais et sur la défensive ; le médecin s'imagina qu'elle l'avait percé à jour et voyait en lui un obstacle – une menace peut-être même – et cela flatta un instant son égo. Profitant de son ascendant, il opta donc pour une stratégie plus agressive. Progressant jusqu'à la porte, les yeux rivés dans ceux de la nouvelle venue, les bras écartés en signe de bonne volonté et exhibant ostensiblement son tatouage, il clama d'une voix franche, quoique délibérément intimidante :

« De louche ? Allons donc, belle inconnue, nous sommes de gens de bien. Les trois honnêtes rias issus des rangs de l'Ordre que nous sommes ne nous abaisserions pas à nous avilir en participant à de sordides complots ! N'est-ce pas Parchessim ? »

Lorsqu'il parvint jusqu'au seuil de la porte, il écarta sans ménagement le smily qui était resté planté béatement devant, offrant une cible – ou pire, un otage – des plus facile ; le médecin se plaça alors dans l'encadrement, bloquant le passage de son corps, les muscles tendus, prêt à bondir.

« Non, non, jolie demoiselle, nous ne sommes que trois gardes du corps, des Envoyés de la branche de Quartz engagés pour veiller sur un ami dont la vie est menacée par des criminels sans vergogne. Vous n'avez … aucune crainte à avoir, je vous assure ; pourquoi donc reculez vous ? Ne vouliez vous point nous aider ? » insista-t-il, marquant volontairement une courte pause, comme pour nuancer son propos en une menace subtile.

Le cœur du médecin palpitait si fort qu'il aurait pu jurer que son adversaire l'entendait elle aussi. Il n'en montrait rien, mais il craignait que son bluff ne prenne pas non plus et qu'un combat frontal n'éclate malgré tout. Il doutait que Parchessim ou Lana fussent des combattants émérites, lui même n'était guère plus doué qu'eux en la matière, aussi avait-il improvisé pour leur laisser le temps, au pire de se préparer à l'affrontement. Il espérait toutefois ne pas en arriver là et que l'assaillante s'enfuirait à la pensée de devoir affronter trois guerriers magiciens sur leur gardes ...

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La jeune femme jeta un regard froid à Sethis.

— "Vous semblez bien être ce que vous dites à voir le tatouage à votre poignet, mais vous n'avez pas vraiment le comportement d'un garde du corps. Vous me semblez tout à fait louche à présent, et je ne suis plus sûre de vouloir vous être d'aucune aide ..."

Sans crier gare, la jeune femme se mit en mouvement. Elle sortit les doigts de sa bourse de cuir, mais n'en retira aucun objet. Elle était très souple et rapide mais ne s'en servit pas pour attaquer Sethis ou qui que ce soit. Elle préféra glissa en dehors de l'habitation pour s'enfuir à toute jambe.

Parchessim ne bougea pas d'un poil, il affichait un air sidéré. "Sethis, qu'est ce... que ?"

Lana s'était levée tout a fait, et se dirigeait rapidement vers la porte.

— "Bon sang, qui est cette fille, quelqu'un la connait ? C'est une espionne ? Poursuivez là bon sang, moi je dois m'occuper de Maltar !

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Sethis, dans un soupir de soulagement, regarda la perfide menace s'enfuir sans demander son reste. Quelque qu'en fut la raison, la jeune femme avait décidé d'éviter l'affrontement, mais le médecin - garde du corps improvisé - ne doutait pas qu'elle allait revenir à la charge, probablement même avec un nouveau plan et du renfort. Leur refuge avait été découvert, leur sécurité n'était plus assurée. Ils devaient trouver un endroit plus sur où emmener Maltar …

Le nécromancien se tourna vers Lana, qui les avait rejoint vers la porte en leur ordonnant de poursuivre l'assassin présumée.
« Non. Inutile de nous séparer et de risquer nos vies inutilement. Il faut que nous déguerpissions d'ici avant qu'ils ne reviennent. Maltar tiendra bien le coup, et de toute façon, nous n'avons pas le choix. Parchessim, aidez moi à le soulever. Lana, conduisez nous aux quartiers de l'Ordre … et ouvrez l’œil ! » conclu-t-il d'une voix sévère, comme pour couper court à toute contestation tandis qu'il s'affairait à relever avec précaution le corps inerte de son ami.

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Lana fronça les sourcils et ne se fit pas attendre pour répondre :

— "Plus le choix ? Tu viens juste de refermer les plaies de Maltar, et tu voudrais déjà repartir cavaler dans la Ruche ? Je n'ai même pas eu le temps de me pencher sur son cas, je ne crois que ce soit très raisonnable... On ne sait même pas qui est cette fille... Si c'était juste une coïncidence ? Quand bien même ça ne serait pas le cas, qu'elle vienne, et je lui refait la figure à coup de scie à os.

— Heu... Lana, je crois que notre nouvel, heu... ami à raison, Risqua Parchessim d'un air embarrassé. Je n'ai jamais vu cette Humaine dans les parages, si c'était une voisine je le saurai... Je crois qu'on devrait rejoindre l'Ordre, nous seront sûr d'être en sécurité, et je crois avoir eu mon compte de scène sanguinolente pour la journée...

Lana le foudroya du regard et considéra Sethis d'un oeil à penne moins noir.

— Très bien alors, très bien, faites comme vous voulez, grands héros. Si Maltar arrive aussi vidé de son sang qu'un pruneau séché, on saura vers qui se tourner !

Sur ce, elle commença à ranger les affaires de sa sacoche. Parchessim lui aussi se mettait enfin en mouvement, il jetait un manteau sur les épaules de Maltar et glissait toutes sortes d'objets dans son sac : des rouleaux, des rapports, des livres...

Quand tout le monde fut prêt, Lana arrêta tout le monde.

Attendez, attendez gros malins ? Il nous faut une excuse, un motif valable. Au cas où nous croiserions la Garde ou des Argentés, vous comprenez ? Ils font des rondes toutes la nuit et n'hésiteront pas à nous chercher des noises, surtout si nous ne sommes que trois, et encore plus si nous transportons un homme qui ressemble à un cadavre..."

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Parchessim se rangea immédiatement à l'avis du nécromancien, mais Lana ne partageait manifestement pas leur opinion et ne se fit pas prier pour le leur faire savoir. Sethis n'avait rien eu le temps de rétorquer ; la frêle ria - au caractère bien trempé cependant - accepta finalement d'obéir, et durant un instant, tous vaquèrent à leurs occupations en silence.

Au moment du départ pourtant, lorsque chacun fut prêt à partir, elle posa une question à laquelle le médecin ne s'attendit pas. Il ne connaissait que très peu la Ruche - pour ne pas dire du tout - et s'étonna que la garde pussent entraver les trois rias dans leur démarche, à plus forte raison afin de sauver un citoyen d'Hiloroth, un citoyen du Roi !

« Nous leur dirons la vérité, que nous l'emmenons ... », il hocha la tête vers Maltar, toujours immobile, pour le désigner, « ... se faire soigner à l'Ordre. Son état parlera de lui même. Et puis de toute façon, pourquoi viendraient-ils nous emmerder ? Ils sont là pour nous protéger, non ? Bon, allons y maintenant, ne perdons plus de temps. » conclu-t-il sans vraiment attendre de réponse.

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Tout le monde quitta la maison dans la précipitation. Parchessim était tellement encombré de ses sacs de livres et de rouleaux que la tâche de porter Maltar échu à Sethis et Lana.

— "Pour nous protéger, ouais on peut dire ça comme ça, dit-elle tandis qu'ils progressaient dans la ruelle qui sinuait dans le quartier troglodyte. La vérité c'est que la Garde ne peut pas saquer les magiciens. D'ailleurs c'est tous leurs nobliaux de chefs et le Conseil d'Hiloroth lui même qui sont plus qu'en froid avec l'Ordre. Tu sais pourquoi non ? Tu est au courant de ce qui s'est passé il y a vingt ans, où alors vis-tu dans une grotte ?

— Les Argentés ne sont pas plus recommandables... Haleta Parchessim derrière eux. Ils se défient de tout ce qui vient de Ballithar, l'Ordre y compris. Ils ont toujours vécu de Morguemil, pour eux les magiciens sont tous des fous dangereux, leur agressivité est compréhensible...

— Pas du tout, gronda Lana. Ce sont de sombres ignares qui pensent tout savoir du monde alors qu'ils ne connaissent que leur bout de terre sauvage. Le problème c'est qu'ils sont moins discipliné que la Garde, de vrais rustres sans manières...

Parchessim voulu dire quelque chose mais soupira en haussant les épaules. Le groupe arriva à la sortie du tunnel qui débouchait sur la grande rue. Devant eux s'élevaient les pierres d'un immense rempart éclairé par des torches d'un bleu d'océan. Mais ils n'étaient pas seuls.

— La fille ! S'exclama Lana. Elle est là avec des Argentés !"

La jeune femme qui avait faite irruption chez Parchessim quelques minutes plus tôt était en effet là. Deux Humains se tenaient à quelques mètres d'elle, à droite et à gauche de la rue. Ils étaient très grands, l'échine droite, le cheveu long et gras, et des bûches dans les bras. Des cuirasse piquetées de rouilles recouvraient leur torse — Sethis pouvait y deviner un blason représentant deux épées croisées surmontées d'une balance. Enfin, dans leur main luisait un long cimeterre. Tous les deux regardaient avec surprise les magiciens sortis tu tunnel.

— "Je vous avais bien dis que des mages avaient besoin d'aide, dit la jeune femme aux Argentés. Mais votre cerveau atrophié ne semble pas avoir été capable de saisir l'information, tout occupé qu'il était sur vos braies ...

Puis jetant un oeil sur Lana, elle lâcha :

Voyons, arrêtez d'être insultante s'il vous plait ! Je ne suis pas avec ces gentilshommes, il s'avère juste que si vous avez réussi à leur faire lever le glaive, il semble que ma vue leur ai fait dresser un autre type d'épée ... Vous laissant imaginer leur capacité à la délicatesse et à la séduction, vous comprendrez que je sois toujours dans les environs."

La jeune femme, les Argentés, Lana et Parchessim... Tous se regardaient, immobiles et tendus.

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Si par le passé Sethis avait déjà eu affaire aux Furets et leurs méthodes contestables, il était loin de s'imaginer qu'il en serait de même dans la Ruche, censée incarner l'ordre et le respect des lois. La dure réalité s'imposa à lui maintenant qu'il était confronté aux deux intimidants matons, lame au clair, visiblement peu enclins à discuter. Le nécromancien s'y résolu malgré tout, ne pouvant se décider à déclencher une bataille perdue d'avance ; se redressant, il bomba légèrement le torse comme pour se donner une contenance, puis héla la jeune femme d'un air narquois.
« Allons bon ! Ton patron t'envoie finir le travail et devant ton incompétence navrante à achever un misérable infirme sans défense, tu retournes les gens contre nous pour faire le sale boulot à ta place ? Quel professionnalisme ! J'en reste pantois ! » minauda-t-il d'un air faussement admiratif, cherchant à déstabiliser son adversaire, avant de s'adresser aux deux hommes sur un ton plus sérieux : « Ne vous laissez pas berner par cette coureuse de vérole, messieurs ! J'ignore pourquoi vous semblez si hostile à notre égard, mais vous vous trompez de camp. Nous sommes mandatés pour enquêter sur une affaire qui ronge actuellement la Fourmilière et menace la sécurité d'Hiloroth. Cette femme cherche à faire taire un témoin gênant ... » insista-t-il en désignant Maltar du pouce, « … et quoi qu'elle vous ai promis – j'en ai une bonne idée – elle ne tiendra pas son engagement. Si vous représentez réellement la justice et l'honneur qu'incarnent vos chefs, rangez vos armes et je vous proposerais une solution pour tirer ça au clair. Vous avez tout à y gagner, car vous aurez contribué à résoudre une enquête officielle – et comme la fille est une criminelle, elle sera tout à vous – et pour bien plus longtemps que ce qu'elle vous a faussement promis, je vous l'assure. »

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Les deux soldats se regardèrent silencieusement. Ils avaient l'air de mobiliser toute leur matière grise. Finalement, ce fut le roux aux cheveux filasses qui rompit le silence.

— "Les magiciens ont raison, cette fille essaye de nous berner, qu'est ce qu'elle fait vraiment dans la ruche à cette heure là ? C'est bientôt l'aube dehors.

— Et les magiciens, ils vont se coucher peut-être ? Idiot ! Répondit sèchement le blond. L'Ordre ment comme il respire, ceux là trament quelque chose de mauvais. Peut être c'est pire, peut être qu'ils sont des magiciens renégats en cavale. Attrapons-les !

— A deux contre trois, tu es fou ou tu as la mémoire d'un étron ? Aide moi plutôt a attraper la criminelle avant qu'elle n'arrive à ses fins, ça nous fera une jolie récompense.

— Pas question, j'ai descendu mon compte de renégats à la bataille d'Hiloroth, tu n'as pas pu voir ça, tu te pissais dessus à l'arrière garde. C'est pas ces trois péquenauds qui vont me faire peur. Écarte-toi !

Le ton allait crescendo entre les deux soldat, aucun n'avait quitté sa position mais ils se faisaient désormais face en agitant leurs épées avec agressivité. Ils ne faisaient plus attention ni aux magiciens, ni à la jeune femme.

Cette dernière leva les yeux aux ciel et décréta :

"Ben voyons, faire taire un témoin gênant ! Si vous agitiez un peu votre cervelle, vous vous seriez rendu compte que je n'ai pas attaqué votre ami quand j'en avais l'occasion chez vous, et que je n'ai par ailleurs aucune arme sur moi. Si j'avais été armée, je peux vous assurer que mon passage pour sortir de chez vous aurait été agrémenté d'une belle entaille pour m'assurer que vous ne me suivriez pas !".

Le ton montait entre les Argentés, si bien qu'ils n'entendaient plus leur conversation. Le rouge montait au visage de l'Humaine.

"Pour vous éclairer, messire le Rias niais, ces hommes, je ne leur ai rien proposé, ils ont voulu se servir seuls. Au contraire, j'essayais de les envoyer vers vous pour que vous ayez de l'aide pour transporter votre blessé, au cas où vous n'auriez vraiment pas été malveillant."

Prenant un instant de réflexion, elle finit par ajouter :

"Pour être honnête, je ne suis en effet pas venue par bonté d'âme, mais certainement pas pour assassiner un homme, encore moins si celui-ci est déjà bandagé comme une momie ! Les seules blessures qu'il m'est habituel d'infliger, sont celles aux bourses de tout type, soit pour une menue somme, soit pour récompenser l'indélicatesse d'hommes comme ceux-ci."

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La situation avait prise une drôle de tournure ; les deux gorilles s'engueulaient l'un l'autre et la jeune femme se présentait d'avantage comme une profiteuse opportuniste que comme une tueuse envoyée par Gaze pour achever son œuvre de mort.

Le ria « niai » hésitait quant à la réaction à avoir. Si les Argentés ne se préoccupaient plus d'eux, plus rien ne les retenait ici, mais le petit groupe n'était pas à l'abri que leur départ précipité paraisse louche et que les deux balourds se mettent d'accord pour les rattraper. De plus, il ne savait plus que penser de la mystérieuse femme ; alliée ? ennemie ...? il n'avait plus gère le temps de tergiverser cependant, il devait en priorité ramener Maltar en lieu sur.

Il décida donc de jouer carte sur table avec l'inconnue, allant droit au but dans un élan de sincérité, la voix presque implorante.
« Écoutez … tout ce que je viens de vous raconter est la stricte vérité. L'homme que vous voyez nécessite des soins urgents, mais aussi une protection sans faille et l'Ordre peut lui procurer les deux ; aussi, tout ce que nous désirons est d'arriver rapidement et sans encombres afin de le sauver. Mais vous, mademoiselle, que voulez vous au final ? Vous saviez que ces nigauds seraient plus enclins à nous trucider qu'à nous escorter à bon port. » conclu-t-il en pointant du menton les deux baraques qui semblaient sur le point d'en venir aux mains.

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Le duo de soldat s'insultait à présent copieusement, le débat portait non plus sur les magiciens ou la jeune femme, mais d'avantage sur leurs propres faits d'arme, leur courage ou leur honneur respectif, il parlaient de plus en plus fort. La jeune femme tripotait de nouveau la bourse attachée à sa ceinture. Après un long moment de réflexion, elle dit :

— "Ce que je voulais, c'était prendre à votre ami le sang-froid ses papiers qui gênaient aux entournures certaines personnes de la fourmilière. On m'avait vendu ça comme un vol, dans une maison vide, sans brutalité. Un simple moyen de l'effrayer et de l'éloigner de ce qui semble l'intéresser de trop près ...

Vous voyant maintenant, il est peu probable que je sois ici en même temps que vous et votre ami par hasard. Ma mission est pour ainsi dire mal engagée, et j'aurai autant à vous aider afin de pouvoir éventuellement demander l'aide de votre ordre. Ces deux balourds semblaient surtout chercher une compagnie pour la nuit, aussi je ne pensais pas qu'ils vous embêteraient sans autre raison, surtout qu'ils semblaient craindre les mages !

Malheureusement, je vous ai également dit la vérité en m'avouant désarmée, aussi je ne pourrais pas leur tenir tête. Qu'attendez-vous de moi pour que je puisse bénéficier moi aussi d'une ... protection sans faille ?"

Derrière lui, Sethis sentit quelqu'un qui avalait de travers. Parchessim ramenait tout contre lui ses nombreux sacs pleins de rouleaux et de carnets.

"— Je... Sethis, je sais qui elle est maintenant, je sais pour qui elle travaille. Le nœud, vous vous rappelez ? Le nœud souterrain et crapuleux de la Fourmilière, c'est de là qu'elle vient. J'enquêtais là bas, mais mes recherches dérangent. Je ne me séparerait pas d'elles, ça non ! Cette femme est une envoyée de Gaze ou d'un autre..."

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La voleuse semblait sincère. Peut-être n'était-ce qu'une ruse, mais Sethis du prendre le risque ; le temps pressait et il était fatigué de tout ceci. Il jeta un regard à Lana, qui semblait disparaître sous la masse non négligeable de Maltar, puis à Parchessim, avant de répondre.

« Fort bien … si vous êtes prête à nous aider dans cette affaire, je vous jure que l'Ordre est l'endroit le plus sûr d'Hiloroth et que nous serons à même de vous protéger – personne ne serait assez fou pour y tenter quoique ce soit de toute façon. Si vous êtes honnête, tout se passera bien. Passez devant, marchez à bonne distance et pas d'entourloupe. Parchessim, vous fermez la marche.

Quant à ceux là … Ces deux crétins ne devraient plus poser problème maintenant. En route. »

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Les deux soldats avaient quitté leurs positions et, contournant la fille comme si elle n'avait été qu'un sac de gravier oublié là, ils s'empoignèrent avec une grande violence.

— "Qu'a tu dis de ma mère espèce de raclure vérolée ? Retire ça tout de suite !

— Lâche moi sac à merde où je te dévisse la tête !

La fille les regarda en soupirant et se tourna de nouveau vers Sethis et dit :

Vous savez, mon offre de vous aider tient encore. Je peux vous aider à tenir votre ami, si cela permet d'aller plus vite.
Si vous avez peur que je cache un poignard ou je ne sais quoi, je vous laisserai me fouiller dès que nous serons ... plus loin de ces deux là !"

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Agacé, Sethis haussa brusquement la voix ; l'impatience, la situation inconfortable, la lassitude, tout se mêlait et se muait en un sentiment d'exaspération grandissant que le ria ne parvenait à contrôler qu'à grand'peine.

« Faites ce que je vous dit, bon sang !! Devant ! Direction l'Ordre ! Le temps presse ! C'est pourtant pas compliqué, non ?! » cracha-t-il d'un ton sec à la jeune femme, coupant court à toute surenchère.

Il n'avait plus envie de négocier et pensait enfin pouvoir gagner l'endroit convoité, se reposer, dormir sans craindre une mauvaise visite nocturne et assurer la survie de son ami, surtout. L'inconnue n'avait qu'à se taire et avancer. Pourquoi fallait-il qu'elle continue de discuter … ?

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La suite ici !

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» IV. Retour à la crasse