2.1 - Premières investigations

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Reyan appuya les propos de Lob en présentant l'insigne de l'armée après avoir abaissé son foulard, endurant les odeurs chimiques puis celles, non moins agressives, parfumées du Nain. Il scruta un peu plus avant les vêtements des employés de la Tannerie, essayant de voir s'il s'agissait des mêmes que ceux que portait la jeune femme massacrée.

Alors que Lob finissait sa phrase, Reyan avait le regard fixé le chapeau ridicule du propriétaire. Qu'est ce qui poussait quelqu'un à attifer de la sorte ? L'envie de se démarquer de la masse, de témoigner de sa réussite en étalant des goûts extravagants ?

Nous aurons aussi besoin de savoir s'il y a eu des incidents récemment: disputes, bagarres ? Vous ou l'un de vos contre-maîtres a-t-il été témoin d'un évènement inhabituel ? Est-ce que vous avez des vigiles pour surveiller les alentours la nuit venue ? j'imagine qu'il faut surveiller vos marchandises, surtout le soir venu, et ils auraient pu apercevoir quelque chose de bizarre la nuit dernière.

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Le Nain se recula légèrement à l'écoute de vos noms et titres officiels comme l'on pouvait s'écarter d'un malade contagieux. Il se gratta sa barbe blonde tâché d'encre et décoloré par les nombreux produits utilisés dans la Tannerie.

" Ouai, ouai. Les vêtements correspondent c'était certainement une fille d'ici, il y en a tellement qui viennent me d'mander du travail. C'est mieux que d'se faire fourrer toute la journée et au moins on fréquente pas d'fripouilles. Les bagarres, y'en a souvent. Je vire des employés régulièrement pour les rembauchés quelques jours après quand ils n'ont pas été remplacés. Le soir les effluves qui se sont accumulés dans les étages inférieurs sont évacués avec l"ouverture des conduits d'aération principaux. Personne se trouve dans le coin avant le petit matin. Parfois il arrive que des malins tentent de v'nir me piquer du matériel. Mais les fumées sont toxiques et on retrouve leurs cadavres raides comme des ballais à l'ouverture. J'ai quelques gars qui surveillent de l'extérieur de temps en temps mais les gens du coin me connaissent et je les connais aussi. Personne oserait me la mettre, j'ai pas l'pardon facile. "

Il laissa planer quelques secondes de silence avant de reprendre d'un air pressé.

" Pour vos questions allez voir le contre-maître des teintures au premier sous-sol. Il connaîtra peut être vot' fille. Pauvre histoire. J'dois m'occuper de bosser, si vous n'avez plus d'questions je file, sinon faudra m'suivre ! "

Attendant vos premiers pour se remettre en route, le Nain vous adresse un petit signe de tête pour vous pousser à répondre rapidement.

Le nain avait répondu à leurs questions efficacement. Sauf imprévu, il ne leur restait plus grand-chose à faire pour retrouver l'identité de la jeune fille. C'était la suite qui allait devenir compliquée. Lob Nor sourit au nain, puis jeta un coup d'œil à Reyan, pour voir s'il avait d'autres questions..

"Bien, merci de votre aide ! Nous allons voir le contre-maître."

Imitant Reyan avec moins d'acuité, Lob Nor balaya les alentours du regard, au cas où la moindre impression leur serait utile plus tard, puis ils prirent la direction des escaliers.

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Le jeune archer esquissa un sourire à l'attention du Nain.

"Retrouver le meurtrier de la jeune femme est une priorité pour la Couronne, vous avez sûrement entendu parler des rumeurs faisant état d'un tueur qui s'attaque aux femmes ? On pense qu'il s'agit de notre meurtrier.

Il va sans dire que si vous nous donniez un coup de main pour lui mettre la main dessus, l'armée serait disposée à vous rendre la monnaie de votre pièce. Un Nain tel que vous doit sûrement avoir des yeux et des oreilles un peu partout.

Réfléchissez-y."

Le jeune homme salua puis Lob et Reyan se dirigèrent vers le premier sous-sol.

"Espérons qu'on aura plus de chance avec les contremaîtres..."

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Bien plus rapidement que vous ne pouviez l'imaginer, un contre-maître se présenta à vous au sous-sol se montrant même plutôt content de répondre à vos questions pour s'échapper de son travail quelques minutes. En effet le patron chapeauté c'était laissé dire qu'il n'avait que peu d'affaires avec la couronne et ne lui faisait pas plus confiance pour tenir parole qu'elle n'avait accordé aux Nains une place privilégié dans une cité qui leur appartenait et qu'ils avaient offerts aux Humains après les avoir sauvé des Dragon en les accueillant dans leur Bershmerk alors que seulement quelques années c'étaient écoulés depuis la violente attaque des Drows sur la cité. C'était donc dans la personne de Dronik le Nain que vos paroles allaient peut être trouver de quoi se faire entendre. Le Nain aux yeux acier et à la petite barbe rousse avait écouté vos premières questions avec intérêt avant de répondre.

" Une fille est absente oui, Lyly il me semble, ça pourrait correspondre. En tous cas ça r'ssemble à c'que vous m'dîtes.
Pour les disputes, c'est fréquent par ici, faut dire qu'on est pas aussi bien lotis que les gens d'la Ruche.
Et les esprits s'échauffent vite avec toutes ces vapeurs. "

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Au moins le contremaître semblait s'intéresser un tant soit peu à cette histoire et un nom était enfin sorti: Lyly. Cela humanisa un peu plus la victime et une vague de tristesse reflua... Reyan la chassa.

"Lyly ? Très bien, Maître Dronik, ça va beaucoup nous aider (toujours féliciter les témoins, faut récompenser leurs efforts disait Octave). Elle esta bsente depuis quand ? (Il le laissa répondre puis enchaîna)

Elle avait des amis ici, de la famille qui habite pas loin ? Il faudra qu'on les informe... si c'est bien elle bien entendu.

En ce qui concerne ce que vous auriez pu remarquer, au-delà des disputes, vous avez peut être vu des types chelous... euh... des individus suspects rôder ? Peut-être quelqu'un avec un haut de forme, dans le genre de celui de votre patron mais un humain ? Ou un type qui boîte ? On pense qu'on à faire à un prédateur d'un genre particulier... il n'est pas impossible qu'il repère ses "proies" - si j'ose dire - un peu à l'avance.

Tout ce dont vous pourriez-vous souvenir pourra nous être utile..."

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Hochant de la tête il n'eut pas plus de détails et vous invita plutôt à questionner quelques travailleurs et travailleuses pour glaner quelques mots. Lyly était amie avec certains des gens du coin, il ne saurait vous dire lesquels mais c'est monnaie courante par ici de partager le labeur pour plus rapidement terminer un bac et passer au suivant. Si vous deviez avoir encore besoin de lui, il restera dans le coin.

C'est donc au milieu de grandes bassines de bois ressemblant fort à d'immenses barils d'alcool coupés en deux, que vous retrouvez un grand nombre de nains et d'humains, remuant à l'aide de grandes cuillères des mixtures étranges changeant de couleur et aux odeurs repoussantes : des teintures ! Une bonne vingtaine de personnes se relayaient pour touiller, remuer, pousser et faire remonter des teintes spécifiques tandis qu'une demi-douzaine d'autre s'affairaient à apporter et verser des sceaux de liquides dans les bacs en fonction des injonctions des remueurs...

{Je vous laisse poser vos questions à la/les personnes de votre choix, il y a nains, humaines et humains. Vous pouvez inventer des pnjs qui travaillent ici. Ils portent tous un grand tablier tâché, une sorte de bonnet sur la tête, un bandana pour se couvrir le nez et la bouche et de grands gants pour se protéger les mains. La majorité portent des vêtements de travail abîmés qui font plus objet de décoration que de protection...}

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Décidément, enquêter... c'était se donner beaucoup de mal pour pas grand chose. Reyan s'avança vers les tâcherons affectés aux teintures. Même pour un type ayant vécu sur les routes depuis sa naissance, il leur trouvait un air misérable: le teint blafard, des guenilles usés par le travail... quelle vie était-ce donc là de se tuer à la tâche ? Tout ça pour quoi ? Engraisser un Nain ? Enfin, la révolution allait devoir attendre.

Reyan se dirigea vers une groupe d'humains:

"M'dame, messieurs. Je m'appelle Reyan, je travaille pour la COuronne, en tant qu'enquêteur. Vous pouvez laisser vos bacs un instant ? (Reyan regarde les ouvriers lâcher leur travail, le regard un peu craintif). Vous inquiétez pas, votre patron est au courant.

Vous connaissiez Lyly ? (Reyan croit déceler que oui à leurs réactions) On a retrouvé son corps, dans une ruelle. (il leur laissa un instant pour digérer la nouvelle et guetter leur réaction)

Mes condoléances si vous la connaissiez bien. On recherche le fils de Dragon qui l'a tué. Est-ce que vous auriez vu quelque chose de bizarre, un comportement bizarre, un type louche qui l'aurait rejoint après le travail ?

Est-ce que l'un d'entre vous saurait si elle a de la famille en ville ou des amis à prévenir et où elle vivait ?"

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A l'entente des tes paroles la majorité des travailleurs affichèrent un air dépité mais pas forcément trous surpris, il fallait dire que la vie était difficile dans la Fourmilière. Alors que tu observais les visages, celui d'un jeune homme te sembla étrange, comme s'il était effrayé. Et au moment où ta dernière phrase se termina, il fila à toute vitesse vers le fond de la salle, partant en courant en direction des escaliers de l'arrière permettant de remonter vers le rez-de-chaussée. L'humain était de ta taille et corpulence et avançait rapidement sans se retourner, sautant par dessus un bassin et bousculant quelques teinturiers au passage, leur faisant renverser leurs pots de peintures.

Lob Nor semblait médusé par la situation et totalement surpris, il n'y avait donc que toi pour agir. Lui courir après ou bien le laisser filer pour questionner les autres, voilà un dilemme qui trouva rapidement réponse en toi. Un bassin, quelques travailleurs et du matériel éparpillé te séparait du fuyard qui allait en prenant de la vitesse dans sa course...

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où elle vivait ?..."

Le jeune homme avait repéré la réaction de l'homme... mais qu'il détale comme un lapin le surprit. Lob semblait à l'ouest0.

"Lob, essaie de savoir qui sait et continue de les interroger !"

Ni une, ni deux, Reyan s'était mis en chasse. Pas question de tirer une flèche pour le ralentir... y'avait trop de monde ici ! Le jeune coureur des bois sourit légèrement: enfin un peu d'action !

"ARRÊTE TOI, ON TE VEUT AUCUN MAL !"

Reyan prenait de la vitesse, espérant le rattraper dans les escaliers.

Lob Nor avait les yeux fermés depuis quelques minutes, tant bien que mal il essayait de contrôler un vertige terrible. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était se tenir le plus droit et le plus immobile possible alors que tout tourbillonnait là-dedans. Il avait les oreilles ouvertes cependant, assez pour comprendre que quelqu'un s'était enfui, ce qui était plus du ressort de Reyan que le sien, surtout dans ces vapeurs de sorcières. Il avait repris du poil de la bête depuis un mois, mais il avait de quoi faire à la caserne avant de pouvoir courir après la jeunesse.

« Excusez-moi, vous n'auriez pas un de ces bandanas en réserve que je puisse utiliser, ou un chiffon propre et humide, vous me sauveriez, n'est-ce pas ? Ah, et qui était-ce, savez-vous pourquoi cette personne (mâle ou femelle, il n'osait avouer qu'il n'avait rien vu de la scène) s'est enfuie avec si peu de discrétion, ce n'est pas une frousse ordinaire, ça. »

Il ouvrit les yeux et se désintéressa un peu de son sort pour poser le regard sur les visages environnants. Il sentait une petite hésitation et attendait de voir qui parlerait en premier.

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Les injonctions de Reyan se voulant pourtant... apaisantes; ne firent que renforcer la course du jeune homme qui se trouvait aux bas des escaliers.

Course Poursuite tour 1:

Montant les marches deux par deux, il s'élança sans attendre son poursuivant pour mettre un maximum de distance entre eux. Cependant, Reyan n'en était pas non plus à sa première cavalcade, non sans mal, le jeune enquêteur bondit par dessus une petite table et sauta lui aussi dans les escaliers à toute vitesse remontant les mètres qui le séparaient du teinturier avec une aisance qu'il serait juste de féliciter.

De son côté, Lob Nor avait du mal à articuler ses phrases et l'incompréhension générale des travailleurs mêlée à leur étonnement ne provoquèrent qu'une ignorance générale des propos de notre affable et migrainé ami qui, sans aide quelconque et face à ces exclamations de surprise, se trouva de lui même un morceau de tissu pour se couvrir le visage.

Course Poursuite tour 2:

Pendant ce temps et quelques mètres plus haut, Reyan était juste derrière le teinturier, à un bras de l'arrêter dans sa course folle au milieu des travailleurs. Au dessus, ce n'était pas la même affaire, il y avait beaucoup de mouvement et surtout de nombreux objets encombrants qui barraient le passage. Si Reyan avait une expérience pour sauter et effectuer quelques pirouettes entre les obstacles, le jeune teinturier lui perdait bien du temps à les contourner et à retrouver son équilibre pour ne pas chuter après avoir bousculer une grand gaillard transportant une caisse de marchandise. C'était le moment pour l'enquêteur de définir la manière dont il allait mettre un terme à la course.

{Reyan, tu as le choix de comment stopper la course dans la forme. Le jeune homme suppliera de ne pas être frappé et acceptera de te suivre pour répondre à tes questions sans se débattre.}

Le silence s'installa tandis que Lob Nor s'aidait tout seul. Ils auraient été bien ennuyés pourtant s'il s'était effondré sur place mais le fuyard leur avait fait plus d'impression que les questions embrouillées de l'enquêteur. Cependant, quelque chose lui disait que le contremaître allait revenir et qu'à moins qu'il n'ait pas de raison de continuer l'interrogatoire, il serait difficile de marchander, et des détails leur échapperaient. Il reprit d'une voix plus claire et mieux raffermie :

« Écoutez-moi s'il vous plaît, ne vous inquiétez pas pour mon collègue. Revenons à Lyly, puisque vous n'avez pas eu le temps de répondre à mon collègue. Malheureusement... tout porte à croire qu'elle soit bien la victime, mais vous pouvez nous aider à retrouver son assassin...et l'empêcher de récidiver. Pour ça, il faut nous dire tout ce que vous savez d'elle, ce qui a pu vous paraître étrange mais aussi le plus évident ou ce qui peut vous paraître insignifiant, comme ses horaires ici, si elle était là depuis longtemps, comment elle allait, ce dont elle avait l'habitude de parler. Bien sûr, si vous pouvez aussi répondre aux questions de mon collègue, cela nous aiderait vraiment. Vous, par exemple, que pourriez-vous dire d'elle ? »

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Arrivant en haut des marches, Reyan analysa rapidement la situation: la caisse, la cuve, les chaînes. Okay, en route !

Le jeune homme s'élança vers la caisse et sauta prestement dessus. La caisse lui offrit un point en hauteur lui permettant de sauter et agripper les chaînes qui pendaient au plafond - sûrement pour manipuler les cuves - et ainsi voler au-dessus d'une cuve d'où s'élevaient des vapeurs nauséabondes.

Reyan se réceptionna avec souplesse, la manœuvre lui avait permis d'être en position pour couper la route au fuyard qui regardait par-dessus son épaule et s'étonnait de ne plus voir l'agent de la Couronne. Reyan lui fit un croc-en-jambe et le fuyard fut envoyé boulé au sol. Reyan se rapprocha, esquissant et sourire et tendant la main. Il se prit par le col et le força à se redresser.

"Désolé vieux, tu m'y as obligé. Allez on redescend, explique moi pourquoi t'as fui et dis moi tout ce que tu sais sur Lyly, c'est ce que t'as de mieux à faire maintenant, si tu veux pas avoir d'ennuis."

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Les travailleurs observèrent perplexe Lob Nor qui les interpellait sur Lyly, certains haussèrent les épaules, d'autres se mirent à réfléchir en fronçant les sourcils de manière exagéré. Puis quelques phrases se firent entendre.

" - C'était une coquine !
- Il fallait s'attendre à c'qu'elle finisse mal.
- Lyly ? Celle qui reprise les vestons ?
- La p'tite avait de belles fesses !
- J'crois qu'elle avait un galant.
- Plutôt deux ou trois, c'était pas une Opaline !
- Une fille gentille, pas très doué dans le travail mais elle savait faire en sorte de garder sa place.
- Une traînée oui !
- Elle vivait avec sa mère et un jeune frère il me semble.
- Le frère est mort d'une fièvre il y a quelques mois, et la mère ça tardera pas.
- Vous savez s'ils vivent seuls ? Je dois trouver de la place, ma sœur va avoir des gamins. Je veux bien récupérer leur bicoque !
- Lyly était discrète par ici, elle faisait son travail sans histoires.
- Un grand gars à l'air menaçant est passé la récupérer plusieurs fois après le travail.
- Un type des boucheries j'crois bien !
- Non un bandit, il avait une cicatrice sur la joue droite, la marque d'une lame !
- Mais non, boudiou ! Un Boucher j'te dis !
- Un Bandit bons sang d'bois ! "

Reyan ne tarda pas à arriver avec le fuyard qui était rouge comme une tomate et ne savait pas comment se mettre pour ne pas se faire remarquer. Durant le petit trajet du retour il avait dit s’appeler Jefri et qu'il avait voulu simplement aller prévenir la mère de Lyly. Il avait pensé que vous alliez l'enfermé et avait peur de s'arrêter, les Furets faisant ici plus office de bourreaux et de profiteurs que de sauveurs. Alors la Garde de la cité, ça devait forcement être pire !

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Arrivant à hauteur de Lob et du tintamarre ambiant, Reyan capta quelques échanges. "Un bandit avec une cicatrice sur la joue ? Peut-être rien... peut être intéressant, l'avenir le dira".

"M'sieurs, dames, merci de votre coopération. Ni moi, ni mon collègue n'avons plus de questions pour vous, nous ne voudrions pas vous interrompre davantage dans votre labeur."

Les travailleurs eurent l'air un peu déçus la pause salvatrice avait pris fin. Reyan se tourna vers le contre-maître.

"Jefri va venir avec nous, il a des informations importantes pour nous. La Couronne prendrait très mal qu'un citoyen dévoué perde son emploi... On serait obligé de revenir pour voir si tout est en règle ici".

le sous-entendu était suffisamment clair. Surveillant Jefri de près, Reyan et Lob l'escortèrent vers la sortie. Une fois dehors, le jeune officier de la Garde s'adressa au teinturier.

"Conduis nous chez la famille de Lyly. Et en chemin, dis m'en plus sur cette histoire de Boucher/Bandit avec une cicatrice".

Lob Nor aurait aimé approfondir un peu ces quelques ragots ailés qui avaient enfin franchi la barrièrere de leurs chicots. Mais le jeune homme avait pris la situation bien en main, il était sur une piste plus prometteuse et ne voulait pas laisser le temps effacer les dernières traces. Lob Nor se contentait donc d'avoir l'air plus grand et plus vieux en faisant ses adieux à la compagnie.

Un bandit des boucheries... un proxénète ? Peut-être son meurtrier n'avait-il pas tant dérogé à son mode opératoire. C'était bien triste.

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Le jeune homme ne montra aucun signe de résistance et afficha même un certain soulagement en voyant que vous n'alliez pas le battre.

" Merci de pas m'frapper Sire. "

Il avança d'un pas assuré jusqu'à la sortie de la Tannerie et commença à vous mener en direction du Nord Ouest, remontant vers le marché Elfique, se rapprochant du lieu où la morte avait été découverte.

" Sa mère habite au Nord, proche des Boucheries.
Il n'y a que des voyous là bas. De sales types qui fricotent avec les bandes de criminels des Capes pour avoir quelques pièces de plus à la fin de la journée.
Voilà longtemps qu'personne comme vous était passé par ici. Généralement les Furets s'en foutent, ils se font offrir de la viande pour ne rien faire et c'est nous qu'on doit payer, comme toujours.

Un type en uniforme comme vous était passé il y a quelques mois mais il a disparu du jour au lendemain. C'est pas prudent d'se frotter aux gangs des Capes. On dit qu'ils ont même des gens dans la Ruche alors bon, ça en décourage certains d'vouloir une maison dans la cité. Au moins ici bas, on se fait moins de soucis... "

Les gens s'écartaient plus ou moins sur votre passage jusqu'au moment où un groupe de cinq nains vous barrèrent la route. Ils vous observaient d'un air menaçant et portaient tous en plus de matraques un béret rouge sur la tête.

" Halte Messieurs !
Présentez-vous et dites nous pourquoi vous v'nez fourrer vot'nez dans le quartier libre de la ville ?
Sinon moi et mes gars, on vous rossera jusqu'à la sortie.
Hors de question d'avoir des problèmes quand on patrouille ! "

Les mains sur les hanches, le nain au regard d'acier pointait dans votre direction un doigt accusateur et son haussement de ton avait attiré l'attention de certains passants curieux de voir la tournure qu'allait prendre la situation.

Jefri rassuré commençait à dérouler son histoire tout en hésitant à poser son regard sur Reyan ou Lob Nor. Mais après quelques allers-retours, il finit par regarder en face de lui. Lob Nor l'écoutait tranquillement, le laissant libre de parler à son rythme pour l'instant, il attendait qu'il parle du bandit à la cicatrice et gardait dans un coin de sa mémoire la mention d'un prédécesseur passé par là. Mais les Capes ne devaient pas aimer qu'un tueur mette la pagaille dans leurs affaires, au moins ne mettraient-ils pas de bâton dans leurs roues, du moins l'espérait-il. Retourner dans ces quartiers ne le mettait guère à l'aise. Ils en étaient là quand un groupe de nains leur barra le passage.

« Ah, bonjour à vous messieurs, nous venons bien pour les problèmes, mais pas pour les causer. Attendez, voici... Nous enquêtons avec messire Octave Gavras sur le meurtre de la jeune fille retrouvée à quelques pas d'ici. Voilà pourquoi nos visages ne vous sont peut-être pas familiers, nous remontons d'ailleurs vers le nord... Etiez-vous en patrouille cette nuit-là ? Avez-vous rencontré des "problèmes" ? »

Il attendit une première réponse, puis :

« Et quelqu'un qui cloche du pied peut-être ? »

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Les Nains vous observèrent en ricanant légèrement à l'écoute des belles phrases rondes et brodées de Lob Nor.

" Vous croyez qu'c'est vous qui posez les questions ici ?
On s'en tamponne de la Couronne nous !
Personne est jamais v'nu nous aider quand on c'est fait attaquer par des bandits des Capes.
Pas un pécore quand une caverne c'est effondré, engloutissant des familles entières.
Alors vos questions vous pouvez vous les enfoncer profond !
Et si on vous choppe à faire des problèmes, on vous rossera comme les malfrats que vous représentez. "

Le petit groupe acquiesça aux paroles du chef, l'encourageant suite à ces propos et levant les poings dans votre direction.

" Comme que c'est la première fois qu'on vous attrape ici vous pouvez continuer vot'route.
Du moment que vous restez sage ça ira, mais attention quand même ! "

Saluant une fois de plus leur chef, le nom de Domril Rekfer se fit entendre plusieurs fois, ce devait être le Nain à la tête de la petite troupe. S'écartant pour vous permettre de passer, les barbus remettaient convenablement leurs bérets et reniflaient fortement sur votre passage. Le gosse avec vous ne demanda pas son reste et, baissant la tête, fila à grandes enjambés droit devant tout en s'assurant que vous suiviez.

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Octave aurait sûrement eu une réplique spirituelle, une pique bine sentie, suffisamment douce et polie pour ne pas provoquer l'ire des court-sur-pattes mais également suffisamment compréhensible pour provoquer leur embarras. Mais Reyan n'était pas Octave et mis à part écraser son poing sur le nez des Nains, il n'avait pas grand chose à répondre à ces barbus.

Pour eux, ils n'étaient que des représentants de la Couronne. Le jeune homme comprenait leur rancœur, mais pour une fois qu'on venait aider justement.... Reyan avait bien du mal à se faire à cette façon de penser très... Hilorothienne.

"On essaiera d'y penser si on met la main sur not' tueur"

Reyan avança, ignorant le comportement bravache des Nains, soutenant leurs regards, juste assez pour leur faire comprendre qu'ils ne l'impressionnaient pas mais pas trop pour ne pas déclencher d'échauffourés... Ils n'étaient pas là pour ça.

Jefri passa rapidement.

"C'est encore loin ?"

Si les cinq nains n'aimaient pas les mots "ronds et brodés", Lob Nor allait de nouveau les décevoir, et pourtant, il fit l'effort de garder les maniérismes au placard, ou presque. Il parlait rapidement mais tranquillement, après tout, ces nains n'étaient pas ses ennemis :

« J'étais à l'entrée des Capes il y a quelques semaines, je le dis maintenant pour que vous me laissiez finir, ce sera bref... Je ne vais pas laisser passer votre menace pour une raison, quitte, je le sais, à vous payer encore de mots, c'est que nous aurons à revenir ici pour notre enquête, peut-être plusieurs fois. L'idée qui sous-tend vos reproches, c'est cet adage : "Qui ne punit pas le mal, commande qu'on le fasse", nous sommes aussi d'accord que donner un quartier à des bandits pour qu'ils aient pignon sur rue est inacceptable, et j'ai vu le peu qu'il y avait à attendre des Furets quand j'ai enquêté sur la disparition d'un ami et que je suis parti à sa rescousse à l'entrée des Capes. Il me reste un goût amer dans la bouche, je peux voir comme vous la différence qu'il y a entre un meurtrier isolé et le crime organisé, et je ne compte pas être quitte pour les uns parce que j'arrête l'autre. Assez parlé de moi, la liste est longue encore de ce qui ne va pas dans cette cité, un des seuls refuges pourtant de tous les Araliths. Sans doute. Mais les deux restent des criminels, et c'est le même adage qui me vient à l'esprit quand vous proposez de nous rosser au lieu de répondre à des questions pour nous aider à attraper ce tueur qui court encore les rues.

Alors, si vous avez quelque chose à dire qui puisse nous aider dans notre enquête, aidez-nous, peu importe que ce soit la Couronne qui nous envoie, que vous trouviez mon ton patronnant ou que vous ne puissiez pas nous voir en peinture, et sinon, car je crois malgré tout que vous nous auriez déjà aidé si vous saviez quelque chose de précis, veuillez au moins nous laisser enquêter quand nous aurons à revenir par ici. Nous ne sommes pas là pour rendre le monde plus noir qu'il ne l'est déjà, je crois. »

Puis Lob Nor, un peu rouge, regarda Jefri qui avait pressé le pas et Reyan qui avait décidé de s'occuper de l'affaire plutôt que des bérets rouges, et espéra que ces derniers ne tenaient pas autant que lui à avoir le dernier... mot ?

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Les Nains écoutèrent avec grande attention Lob Nor sans comprendre la moitié des mots qu'il évoqua dans son long monologue. Balbutiant étrangement tout en tentant de se rappeler du début du discours de l'homme pour y opposer une réponse composée de menaces appropriées, le chef des bérets rouges souffla fortement avant de grogner tout en vous invitant à filer. Il n'avait visiblement pas grand chose de cinglant à rétorquer à la suite du Détective.

Remontant le Parcours l'Ilamil jusqu'au bas du marché Elfique, les souvenirs du nouvel an revinrent à l'esprit de Lob Nor tandis que Reyan y redécouvrait un nombre incalculable de babioles authentiques sculptés et gravés par des Elfes, des Nains, des Smillys, des Justes et même des Ogres ! La diversité des étals et des objets proposés était telle qu'il faudrait certainement plusieurs jours pour en faire un tour complet ! Votre jeune guide ne se détourna pas de son devoir et sembla même accélérer le rythme pour vous mener au plus tôt chez Lyly. Sur la route il vous donna quelques informations supplémentaires, vous peignant le portrait d'une jeune femme qui faisait son possible pour subvenir aux besoins d'une mère malade et d'un jeune frère, allant jusqu'à se prostituer pour pouvoir acheter quelques remèdes. Malgré la mort du plus jeune elle continuait à se débattre pour ne pas voir sa génitrice finir ses jours dans leur taudis et lui offrir une place au sein de la Ruche. Et pour l'aider à se faire plus d'argent un Boucher du nom de Ron, ou plutôt une crapule de gros bras travaillant pour un des gangs des Capes, le Tranchoir ou la Porte Jaune, s'occupant de la sécurité d'une Boucherie locale.

Le marché de la viande était très important par ici et pour toute la cité, surtout les riches, qui se faisaient livrer régulièrement des tonnes de cochons pour se nourrir tandis que la famine tuait dans le Ghetto. Fort heureusement, pour quelques pièces il était possible de temps en temps de se payer des boulettes de viandes, ou plutôt des boulettes d'os, de tripes, de viande e de peau broyés. Grillés elles avaient un goût délicieux d'après Jefri et valait bien presque une journée de labeur à la tannerie. Mais vous étiez déjà arrivé au Nord du marché, proche du petit immeuble tortueux qui abritait Rosa, la mère de Lily. Jefri frappa à la porte et un étrange gémissement se fit entendre de l'autre côté. Il poussa la porte qui n'était pas fermé et entra dans la pièce qui formait la quasi-totalité du rez-de-chaussé. Le lieu était moins poussiéreux que l'on pouvait le croire et il y avait même un peu d'ordre. Un petit autel de prière dédié à Kima et Eventorn se trouvait proche de la porte et faisait aussi office de table de cuisine. Une bassine d'eau servait à remplir la cruche pour boire et deux paillasses enroulés dans des draps formaient les lits sur lesquels dormaient la famille. Rosa était allongé sous une vieille couverture miteuse, le teint blafard elle demandait après sa fille et n'avait pas vu que vous étiez trois hommes, brandissant dans votre direction un petit bol en bois usé.

" Lily, c'est toi mon enfant... apportes moi à boire veux-tu... j'ai très soif..."

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Reyan était à peu près dans la même situation que les Nains. Il réprima une première, puis une seconde fois un langoureux bâillement... puis céda pour le troisième, à bout de force. Il avait pourtant fait bien des efforts pour le suivre et en réalité, il trouvait admirable cette aptitude à débiter autant de mots qui semblaient avoir du sens ensemble. Mais quand on a 16 ans, la patience n'est pas la qualité première... Il dissimula tant bien que mal sa cavité buccale derrière son foulard, feignant de trouver subitement diablement intéressant son épée.

Lob était un lettré, ça se sentait. Il faudrait qu'il lui demande quelques astuces pour apprendre à lire... ou pas.

Enfin ils se mirent en route, tirant Reyan de sa torpeur, le jeune homme n'écoutait que d'une oreille le récit de Jefri. Les yeux grands ouverts, son visage faisait d'incessants aller-retour s sur les étals du marché elfique.

"Il nous faudra l'adresse de ce Ron... ou du moins l'adresse de la boucherie où il taf.... whow ! vous avez vu ça ?"

Le jeune homme se détacha du groupe et prit une espèce de flûte marquée de symboles elfiques.

Après l'avoir trituré dans tous les sens, Reyan la remit à sa place quand le marchant commença à faire les yeux noirs.

Une fois le marché quitté, l'attention du jeune homme se replaça sur le discours de Jefri. Ron, ça lui disait rien, mais bon, il avait pas passé assez de temps au tranchoir pour connaître grand monde. Mais s'il pouvait éviter de retomber sur Thist ou Gorfag, ce serait pas plus mal...

Arrivant à la maison de la mère de Lily, elle se révéla être à la hauteur de toutes les craintes du jeune homme: la femme était seule et maintenant qu'elle avait perdu la seule fille qui lui restait... elle allait pas tarder à connaître une fin miséreuse. Reyan se demanda fugacement si l'achever immédiatement ne serait pas plus humain.

Sans un mot, Reyan vînt prendre le bol et le remplit d'eau. S'asseyant au chevet de la vieille femme, il porta le bol à ses lèvres. Les vieux et la maladie ne le dégoûtaient... il en avait eu son comptant sur la route.

"M'dame c'est pas Lily... on est des officiers de la Couronne...on..euh... On est avec Jefri, un ami de vot'fille..."

Et merde...le jeune homme sentit sa gorge se nouer, sa voix commençait à trembler. Ses yeux s'humidifièrent. Ca allait faire sérieux vis-à-vis de l'autre ça... bordel. Il détourna le regard et implora Lob à l'aide, il savait pas comment annoncer ça.

Lob Nor regarda le visage livide de la mère de Lily et fronça les sourcils. Il chercha dans sa mémoire ce que l'on pouvait dire à une mère qui avait perdu son enfant, puis le second, mais le seul répit qu'évoquaient les poètes étaient le sommeil de plomb envoyé par Yla, assez profond pour que le temps d'une nuit les soucis soient oubliés et les mauvais rêves tenus à l'écart. Quant aux consolations des philosophes, elles n'avaient que peu d'effet dans la réalité, du moins dans l'immédiat. Le lettré ne se demandait donc pas comment annoncer la nouvelle, mais s'il était judicieux de le faire ou s'il valait mieux placer un pari sur sa mort prochaine et lui servir un doux mensonge.

« Madame, votre fille... »

Interrompant sa phrase, il s'approcha sans regarder Reyan.

« Pouvez-vous m'entendre ? ... »

Le corps qu'ils avaient retrouvé était-il seulement celui de Lily ? Ils auraient peut-être d'abord dû vérifier avec Jefri, mais non, trop de signes concordaient.

« Madame, votre... Lily est morte... »