1.1 - Les chats et la souris noire

Gagnat la rue des Capes et commençant à la descendre en direction du cœur de la Fourmilière l'air était frais en cette matinée et l'odeur du sang était presque imperceptible pour une fois. Observant la bourse, elle contenait un crâne de rat propre gravé d'un symbole inconnu. Le papier de son côté comportait une adresse dans la Ruche et un nom : Cédrik. Les indications pour trouver le lieu semblaient indiquer qu'il s'agissait d'un petit immeuble de quartier vers le Nord-Ouest de la zone populaire, non loin du marché. Atteignant la fin de la rue des Capes une violente dispute éclata entre deux bandes, aucune d'entre elle n'arborant le signe distinctif d'un des principaux gang de la zone. Se sautant mutuellement à la gorge, les deux groupes formèrent rapidement un bloc d'une demi douzaine d'humains se tapant dessus à grands coups de matraques de bois et de poings métalliques. Le spectacle durerait un moment, sous les regards de quelques passants et autres habitants de la zone.

{Si vous filez vers la Ruche je vous laisse vous arrêter devant le poste de garde à la fin du Pas du Roi pour le contrôle des papiers. Le trajet sera sans encombres et comme toujours vous pourrez croiser tout un tas de personnes du coin, mendiants, crieurs et gamins des rues.
Le poste de garde est double il y a une douzaine de gardes (ce ne sont pas des furets mais bien des gardes portant les armoiries de la couronne). Équipés pour répondre à une petite attaque, ils portent de la maille, des casques, sont armés de boucliers, épées et lances. L'un d'eux porte un plastron sur sa maille, indiquant son poste supérieur. Il faut passer par eux afin de faire contrôler ses papiers.
Une petite file d'attente de quelques minutes vous attend, elle est composée de marchands et d'aventuriers dans l'ordre suivant :
* Un smilly enturbanné en jaune et son porteur humain qui peine sous les sac d'épices;
* Un homme au devant d'une caravane tiré par une mule, comprenant en majeur partie de la nourriture destinée aux plus riches (viande, fruits et légumes frais), il est escorté par deux mercenaire portant armures de cuir clouté armes à une main ce sont aussi deux hommes au physique guerrier;
* Un Nain très bavard aux cheveux roux et aux yeux acier, il porte un gros sac à dos rempli de tout un tas d'affaires;
* Un humanoïde encapuchonné portant une armure de cuir usée et renforcée en certaines parties avec une belle épée longue dans le dos, une gibecière légère, il tire un cheval gris tacheté sur lequel se trouve un homme attaché, les yeux bandés et bâillonné, les sacs de selle du cheval semblent remplis de matériel de campement et de survie, une arbalète légère se trouve accroché à l'avant de la selle tout comme d'autres équipements de chasse.
* Un autre homme avec une petite charrette pleine de tissus;
* Votre groupe !}

Visiblement les grognements de l'Ogre ne semblaient pas déranger les personnes dans la file, et quelques un en profitèrent pour eux aussi signaler aux gardes leur mécontentement. Tous souhaitaient que les choses se passent vite, plus vite que ce qui était en tous cas ! Reyan effectua quelques pas en avant pour se rapprocher et interpeller directement l'un des voyageurs faisant aussi route vers le centre de la montagne. Le "chasseur" tourna la tête dans ta direction, ignorant sans gêne le nain devant lui qui lui faisait la conversation par un immense monologue. Il s'agissait donc d'un homme à l'allure menaçante dont les cheveux étaient d'un blanc gris profond en décalage avec son âge apparent d'une quarantaine d'années. Un peu plus grand que la moyenne, il disposait d'un physique robuste et portait des vêtements discrets sous une armure de cuir cloutée renforcée. Des marques de griffes sur son visage venaient se perdre dans son cuir chevelu, faisant ressortir ses yeux bleu nuit, terminant le portrait d'un homme aux traits sombres et presque animal. Il t'adressa un signe de tête légers avant de laisser tomber un silence de quelques secondes qui fut rapidement interrompu.

" Oh ! Te biles pas trop, il est pas bavard de nature !
Moi c'est Esyk, lui Hauzer !
Et toi gamin ? "

Le nain t'adressa une main vigoureuse en signe de salut. Il arborait une belle barbe soigneusement peigné d'un blond-roux prononcé. Son regard acier était particulièrement perçant et il affichait un large sourire amical. Habillé de vêtements simples et robuste il avait aussi quelques pièces d'une panoplie martiale succincte comprenant un gambison, une calotte de cuir et des bottes solides à la point en acier. Son sac à dos était bel et bien encombré d'un grand nombre d'objets de métaux divers qu'il devait très certainement vendre dans la Ruche. L'homme attaché commença à gigoter légèrement avant de se prendre une baffe de la part de l'encapuchonné. C'est au même moment que les liens qui le maintenaient s'illuminèrent discrètement, faisant apparaître comme une étrange inscription doré le temps d'un battement de cil. Puis, la file avança alors que les gardes commençaient à contrôler une nouvelle personne.

Toujours souriant, le nain opina du chef tout en écoutant ta réponse et en observant le comportement étrange de l'Ogre. Plus en avant les gardes finissaient d'inspecter une nouvelle personne, se serait bientôt le tour du Nain de se faire contrôler.

" Très certainement une connerie assez grosse pour qu'on demande à Hauz d'aller l'choper !
On s'troue pas la bourse pour rien, et il ne fait pas cadeau de ses services le bougre."

Les gardes firent s'avancer la caravane tirée par la mule afin d'y jeter un œil tandis que l'un d'eux observait les divers papiers que le marchand venait de leur fournir. Discrètement, un des mercenaires du marchand donna une petite bourse au garde qui vérifiait le contenu des caisses, mais pas assez discrètement pour Thist qui remarqua le petit manège sans effort.

"Oui j'suis là pour affaires. Je fabrique tout un tas d'objets en acier, bronze, fer et quand j'ai ce qu'il faut en or même !
Et vous donc ? A voir la tronche de tes amis je doute que vous soyez des vendeurs de céréales. "

L'homme sur le cheval gigota une fois de plus alors que l'énorme paluche de Gorfag venait se poser sur sa cuisse sous l’œil attentif du chasseur. Toujours silencieux, son attention se portait plus sur votre ventru compagnon que sur le jeune archer ou l'encapuchonné.

Les gardes firent avancer le convois et Esyk laissa passer Hauzer devant lui. Ce dernier présenta plusieurs paiers aux gardes qui n'en demandèrent pas plus pour le laisser passer, jetant quelques regards inquiets sur la personnes ficelée à l'arrière du cheval. Esyk ne releva pas la blague de l'Ogre, restant souriant, même si les propos du colosse l'avaient fait tiquer l'espace d'un instant.

" Pas d'boutique dans le coin, 'jsuis une sorte de vendeur ambulant qui aime bien l'aventure ! "

L'un des gardes appela le Nain pour vérifier ses papiers avant de le laisser lui aussi passer. Il se rapprocha donc et fit passer quelques parchemins alors que Hauzer avait déjà fait plusieurs bons mètres sur le dos de son cheval au pas.

" Passez au Troll Barbu lorsque vous aurez le temps !
C'est le lieu idéal pour se lancer dans la vie les jeunes !
J'te présenterai deux trois types biens Reyan, tu m'as l'air d'un bon gars.
A la revoyure ! "

Effectuant un signe de la main amical, le Nain passa le poste de garde et s'éloigna dans l'immense boyaux en sifflotant joyeusement. Les gardes vous observèrent ensuite, dévisageant l'Ogre et l'étrange compagnie que vous formiez. Affichant le blason de la couronne et approchant leurs mains de leurs armes en signe de méfiance, l'un d'eux s'approcha et s'exprima de manière nonchalante en tendant une main ouverte.

" Vos papiers. "

Vous dévisageant longuement, le garde qui s'occupait de vérifier vos papiers émit un petit grognement avant de se racler la gorge de façon audible. Il jeta un nouveau coup d’œil sur l'Ogre avant de s'écarter tout en vous rendant vos papiers.

" Vous pouvez passer.
Pas de grabuges, sinon ça sera tout droit dans les geôles de la Montagne.
Et pensez à garder vos papiers sur vous. "

Derrière lui, un énorme boyau s'étirait sur plusieurs centaines de mètres en descendant légèrement. L'angle de la pente ne permettait pas d'en voir le bout malgré son imposante largeur. En effet vous aviez ici bien assez de place pour marcher sans vous frotter aux restes des personnes présentes, un véritable luxe après les ruelles surpeuplées de la Fourmilière. Le sol était parfaitement taillé et un chemin se dessinait, vous invitant à progresser. Plus loin, quelques bifurcations permettaient d'emprunter des passages plus étroits donnant directement sur des quartiers plus éloignés comme le Creuset ou le Port. La marche jusqu'à l'entrée de la Ruche allait vous demander une bonne quinzaine de minutes si ce n'était plus mais vous auriez le temps d'y consulter vos dernières notes et de vous préparer à entrer réellement dans la cité des Hommes. Marchands, voyageurs... quelques personnes empruntaient aussi le chemin et pourtant vous pouviez tous marcher sans mal et sans bousculades. De plus, l'air légèrement vicié de la caverne précédente avait laissé place à quelque chose de plus frais et surtout moins odorant. La température quand à elle semblait augmenter au fur et à mesure que vous faisiez route vers la ruche. En cherchant du regard des têtes connues, vous n'arriviez pas à en trouver et le Nain tout comme le chasseur de prime avaient disparus...

La petite bicoque située le long de la Descente menant à la Ruche proposait de quoi se rafraîchir et quelques brochettes. Le menu était maigre, mais suffisait à accorder une pause à ceux qui ne souhaitait pas s'aventurer dans la Ruche sans se préparer; ou bien les personnes en vadrouille dans les zones extérieures de la cité. Les tasses en étains produisirent un petit bruit métallique alors que le serveur, pris par surprise, avait effectué un sursaut important vers l'arrière. Les deux clients présents observèrent l'Ogre d'un regard inquisiteur jugeant probablement son acte d'un mauvais œil. Le serveur adressa un signe de tête discret à Reyan avant de vous observer vous éloigner rassuré de ne pas voir se rapprocher de lui la brute qui venait de l'effrayer.

La descente continuait sur plusieurs dizaine de mètres toujours aussi large et parfaitement pavé avant de s'ouvrir sur une immense statue représentant un Nain, brandissant un marteau d'une main, et une pépite de minerais dans l'autre au centre de la galerie; et derrière le Nain de pierre la porte de la Ruche. Le bruit recommença mais il n'était pas le même que celui dont vous aviez l'habitude. Certes ce n'était pas mélodieux, mais c'était bel et bien différent, comme l'air du lieu. La Ruche avait elle aussi une voûte haute mais il était possible de la distinguer car de nombreuses pierres lumineuses y étaient fichés transformant le plafond en ciel étoilé pour peu d'avoir un minimum d'imagination. Les étoiles y étaient à leur place et même si leur lumière ne portait pas jusqu'en bas, les rues disposaient de lampadaires et de belles torches. La lumière était bien meilleure que dans la Fourmilière et la largeur des rues aussi ! Le monde était présent et il pouvait y avoir quelques bousculades, mais on ne se marchait pas dessus, ce qui était déjà un bon point.

Les bâtiments étaient de pierres et bois, solides et entretenus, en tous cas pour ce qui était de ceux à l'entrée de la Ruche. Il y avait aussi de nombreuses bâtisses troglodytes donnant un aspect presque animal, à ces maisons parfois empilés ressemblant vaguement à des alvéoles, probablement à l'origine du nom de ce quartier. Pourtant même elles avaient été travaillés et les façades disposaient toutes de décorations rendant le lieu très chaleureux et vivant. Progressant sur la rue de la Couronne de grand panneaux en bois indiquaient les lieux les plus importants. La Caserne Royale se trouvait juste devant vous ainsi que l'Université qui était indiqué un peu plus bas en descendant le Col du Roi. Les bruits de combats et d'entraînement jaillissaient au dessus des murailles de l'enceinte militaire tandis que quelques bourgeois quittait la grande Banque plus au Nord pour rejoindre le quartier marchand ou se diriger vers l'Arène d'Hiloroth, ou encore les quartiers Religieux.

Le Creuset au Sud était le lieu de travail des mineurs et des constructeurs, à l'Est se trouvait la zone de l'Île, connue pour la présence en nombre d'aventuriers et aussi pour les discours officiels qui s'y tenaient. Plus loin il y avait le Fer-à-Cheval, quartier occupé par la bourgeoisie et la Noblesse, et en son centre l'Orée, les quartiers de la Couronne. A bien y regarder vous aviez loupé l'avenue de la Taxe, tous piqués dans votre curiosité par ce quartier bien différent de la Fourmilière. Cependant en remontant sur votre gauche la Rue des Coursiers vous pouviez depuis la place du Marché retrouver un accès vers votre lieu de destination.